Eglises d'Asie

A Bali, une chapelle dédiée à la Vierge Marie a été officiellement inaugurée huit ans après sa construction

Publié le 18/03/2010




Le premier sanctuaire marial de Bali vient d’être inauguré récemment, huit ans après la fin de sa construction, mais avec l’accord des fidèles hindous de l’île qui se disent assurés qu’il ne sera en rien un centre privilégié de prosélytisme. Mgr Benyamin Yoseph Bria, évêque du diocèse catholique de Denpasar, a présidé la cérémonie de bénédiction le 23 octobre dernier. Le diocèse de Denpasar, chef-lieu de la province de Bali, recouvre l’ensemble de l’île de Bali, à majorité hindoue (1). Le sanctuaire, avec sa traditionnelle grotte de Lourdes, est situé à Yeh Sanih, un hameau du village de Kubutambagan, à 60 km. de Denpasar. Le village relève du “desa pakraman un système de vie sociale traditionnel des villages hindous (2). Aucun catholique n’est issu du hameau de Sanih, mais vingt-quatre familles de militaires catholiques, non balinais, résident dans les environs.

Beaucoup d’hindous, dont le chef du hameau, Ketut Astra, et le maire du village, Made Sukresna, étaient présents parmi les 1 500 catholiques venus de toutes les paroisses du diocèse pour l’inauguration. A l’occasion de cette messe inaugurale, les fidèles hindous locaux ont dansé et joué de la musique, accompagnés du traditionnel “gamelan Dans son sermon, Mgr Yoseph Bria a demandé que ce lieu de pèlerinage sache accueillir tous ceux qui viendront y chercher la miséricorde de Dieu. Made Sukresna, quant à lui, a assuré aux journalistes venus pour la fête, que ce sanctuaire marial ne perturberait pas la vie des gens parce que tous savent que le catholicisme est une des religions officielles de l’Indonésie. A la suite de Made Sukresna, le chef du hameau, Ketut Astra, a déclaré : “Personne dans notre communauté ne se plaint de cette chapelle.” Elle a même contribué à soutenir l’économie locale en embauchant des gens depuis plusieurs années déjà pour l’entretien du parc, a-t-il expliqué, ajoutant : “Les propriétaires ont de bonnes relations non seulement avec les villageois et le chef du hameau mais aussi avec le responsable du desa pakraman.”

Le terrain de trois hectares appartient à la Fondation de l’université St Joseph, dirigée par la Congrégation des disciples du Seigneur, qui avaient acheté ces terres arides en 1990 et les avaient transformées en un parc planté de tecks. Ketut Astra a rappelé que, pendant la crise économique de 1997-1998, la fondation, après discussion et négociation, avait décidé de réduire le nombre des heures de travail et les salaires plutôt que de licencier. Depuis, tout est revenu à la normale, et Made Sukresna de préciser que la fondation permettait même aux gens de venir prendre du bambou et des palmes d’aréquier pour les cérémonies hindoues. Interrogé sur le risque de prosélytisme, Ketut Astra a répondu aux journalistes : “Il n’y a pas de prosélytisme ici !” Made Sukresna a confirmé : “Toutes les religions enseignent ce qui est bien. Nous, les hindous, nous ne nous sentons pas menacés par cette statue (de Marie). »

Après la messe, le P. Willy Malim Batuah, qui dirige la fondation, a résumé la courte histoire de ce sanctuaire marial. Le terrain a été acheté en 1990 “pour apporter la bonne nouvelle de la paix et du bonheur Ce qui ne signifie pas vouloir baptiser les gens, a-t-il expliqué, précisant que ce n’était pas le but du sanctuaire. Si quelqu’un demande le baptême, ce sera “l’ouvre de Dieu a-t-il encore affirmé. Il a ajouté que, bien que la construction ait été terminée en 1997, “nous n’avons ouvert au public que maintenant, une fois reçu l’accord de la population locale”.

C’est surtout pendant le mois de Marie, en mai, et le mois du Rosaire, en octobre, que la grotte deviendra un lieu de pèlerinage pour les catholiques de la région, qui jusqu’à maintenant allaient en pèlerinage à Java. Made Sukresna a dit avoir demandé à la fondation d’informer le hameau et le village dix jours avant la tenue d’un pèlerinage important pour éviter d’éventuels interférences avec les cérémonies hindoues. Il a rappelé qu’à 500 m. de la grotte de Lourdes se dressait une statue de Ganesh, le dieu hindou représenté par une tête d’éléphant. Les fidèles viennent quelquefois le prier depuis le matin jusque dans l’après-midi – ce qui pourrait gêner l’arrivée des pèlerins catholiques. “Il nous faut nous entendre pour éviter qu’une malheureuse coïncidence provoque des impacts négatifs a-t-il dit, promettant sa médiation en cas de litige.