Eglises d'Asie – Inde
Andra Pradesh : les étudiants qui luttent pour la suppression du bizutage dans les universités ne sont pas isolés
Publié le 18/03/2010
Namrata Kankani, étudiante à l’université Ste Anne, a témoigné que ses deux frères avaient été très traumatisés lors de leur entrée à l’institut universitaire d’ingénierie cette année. Les anciens ont fait courir nu un de ses frères sur le campus devant tout le monde, dont des filles. On avait exigé de son autre frère des actes dégradants, qu’elle n’a pas voulu préciser. Elle affirme que le seul moyen de lutter contre ce fléau est de diffuser des messages anti-bizutage parmi les étudiants, mais en en parlant “de personne à personne”.
Sour K. Anthonamma, directrice de l’université Ste Anne, soutient Namrata Kankani. Tout en notant que dans son université féminine le problème du bizutage n’existe pas, elle autorise ses étudiantes à participer à cette campagne en pensant au bien de tous. Malini Reddy, chargée du soutien psychologique des étudiantes, a expliqué que les sessions d’orientation n’étaient pas inutiles pour traiter du bizutage et autres affaires difficiles. Deux autres doyens d’universités catholiques de Hyderabad déclarent n’avoir pas de problèmes de bizutage dans leurs établissements. Le P. V.K. Samy, un salésien, doyen de l’université St Joseph, approuve la campagne anti-bizutage et indique des dispositions adéquates déjà en place chez lui. “Nous suivons la méthode salésienne de prévention. Les instructions anti-bizutage sont écrites et remises aux étudiants au moment de leur admission. Nous espaçons et échelonnons les admissions. De plus, chaque section est située à un étage différent explique-t-il. Le P. Francis Xavier, jésuite et doyen de la Loyola Academy, lutte lui aussi contre le bizutage et estime que la présente campagne est une “excellente initiative ajoutant : “L’avènement de la sagesse chez les étudiants est une excellente chose.”
A l’université Nizam, on ne cache pas la pratique du bizutage. Selon son directeur adjoint, Venkateswar Rao, les responsables de l’université font de leur mieux pour le refreiner, mais quelques “voyous” parviennent à leurs fins. Une des victimes, Bheemeswar Reddy, est membre actif de la campagne anti-bizutage de l’université de Rao. Il a été malmené par plusieurs étudiants en licence quand il a protesté devant le traitement qu’ils faisaient subir à une étudiante de première année.
La police elle-même a prêté son concours à la campagne anti-bizutage en organisant une rencontre sur le sujet. Après cette rencontre, le directeur adjoint de Nizam a créé une commission pour examiner les allégations de bizutage retenues contre son université et a exclu temporairement ceux qui ont été reconnus coupables. Mais, pour R. Vasundhara, étudiante à l’université Ste Anne, les règlements à eux seuls ne résoudront pas le problème et le bizutage continuera tant que les étudiants ne décideront pas eux-mêmes d’y mettre fin. Elle a confié être entrée en campagne après avoir vu les mauvais traitement infligés à quelques-unes de ses amies par les anciens.
Une organisation, la Confédération des associations bénévoles, coordonne le mouvement. Un des responsables, Chandra Sekhar, a déclaré que son association avait été amenée à s’occuper des universités à cause des étudiants qui lui avaient demandé expressément de le faire. Il a indiqué que le bizutage tournait facilement à la vulgarité, surtout dans les universités de médecine ou d’ingénierie. “Dans ces établissements, une dichotomie existe entre ceux de la première année et les anciens a-t-il expliqué, ajoutant que ceux qui se joignaient au mouvement entendaient vraiment prendre des mesures anti-bizutage.
K.S. Narayana, un psychologue exerçant à Hyderabad, voit dans ce mouvement une “étape positive” devant les échecs des gouvernements successifs à maîtriser les débordements du bizutage. K.S. Narayana propose, quant à lui, une forme “adoucie” de cette pratique pour aider les nouveaux étudiants venus de la campagne à vaincre leur timidité, même si, reconnaît-il, le terme bizutage “comporte une connotation péjorative et est détesté de tous”. En tout cas, affirme-t-il, “le dialogue entre les jeunes et les aînés est à encourager”.
Quant à K.G. Kannabhiran, le président de l’Union populaire pour les libertés civiles, il demande “des mesures punitives appropriées” pour redresser la situation. Il affirme ne pas voir dans le bizutage un problème social mais plutôt “une méchanceté et un passe-temps propres aux étudiants de la haute société” (1