Eglises d'Asie – Indonésie
La mort du cerveau présumé des attentats de Bali est saluée comme une victoire contre le terrorisme, mais ne supprime pas le risque de futurs attentats en Indonésie
Publié le 18/03/2010
La mort d’Azahari bin Husin a eu lieu dans un pavillon de Batu, une station de montagne située près de la ville de Malang. Le Malaisien semble s’être fait exploser à l’aide de grenades lors d’un assaut préparé depuis plusieurs jours par une unité d’élite de la police, le Détachement 88. Les échanges de tirs ont duré une demi-heure avant deux fortes explosions qui ont tué plusieurs complices du suspect. La ville de Batu abrite une forte présence catholique, et de nombreuses institutions catholiques y sont installées. Selon le P. Laurensius Heru Susanto, vicaire général du diocèse de Malang, les opérations de la police n’ont toutefois pas “perturbé significativement” la communauté catholique locale. Selon des sources proches des services de renseignement indonésiens, Azahari bin Husin et ses proches pré-paraient un ou des attentats “contre une grande église de Malang”. Ces actions auraient été planifiées pour la nuit de Noël, sur le modèle des attentats qui avaient fait dix-neuf morts à Noël 2000 lorsque des bombes avaient explosé dans ou à proximité de lieux de culte chrétiens à Djakarta et dans plusieurs autres villes du pays. Cette information n’a toutefois pas été corroborée par d’autres sources (1).
Selon les responsables des services de sécurité indonésiens et australiens, Azahari bin Husin était cité comme un successeur possible, à la tête des opérations de la JI, de l’Indonésien Hambali, aujourd’hui arrêté et sous la garde des Américains. Lui et Noordin Mohammad Top avait échappé de peu à une arrestation en 2003 dans la ville de Bandoung. La presse avait à l’époque sévèrement critiqué la police pour cet échec. Avec la mort d’Azahari bin Husin, le danger de futurs attentats n’est toutefois pas complètement écarté, ont souligné nombre de responsables indonésiens. Din Syamsuddin, secrétaire général du Conseil des oulémas indonésiens (MUI) et dirigeant de la Muhammadiyah, a lancé un appel aux jeunes musulmans indonésiens à ne pas se laisser tenter par les groupes terroristes. Il a ajouté qu’Azahari n’était pas un martyr, mais qu’il s’était tué lui-même. “La religion rejette fermement le suicide a-t-il déclaré. Selon le pasteur Andreas Yewangoe, président de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, la mort du Malaisien ne signifie pas l’éradication de l’idéologie qui l’animait. D’autres peuvent souscrire à ce qu’il pensait et une nouvelle génération de terroristes peut très bien surgir, a-t-il mis en garde.