Eglises d'Asie

La mort du cerveau présumé des attentats de Bali est saluée comme une victoire contre le terrorisme, mais ne supprime pas le risque de futurs attentats en Indonésie

Publié le 18/03/2010




La mort du Malaisien Azahari bin Husin, le 9 novembre dernier dans la ville de Batu, située dans la province de Java-Est, a été saluée en Indonésie avec un certain soulagement. Cerveau présumé des attentats de Bali en 2002, de l’attentat contre l’hôtel Marriott à Djakarta en 2003 et de l’attentat contre l’ambassade d’Australie à Djakarta l’an dernier, Azahari bin Husin était considéré, avec un autre compatriote, Noordin Mohammad Top, toujours en fuite et recherché par la police, comme l’un des chefs du réseau de la Jemaah Islamiyah (JI) dans le Sud-Est asiatique. La JI est souvent présentée comme étant affiliée au réseau al-Qaeda. Les récents attentats de Bali, commis le 1er octobre dernier, lui ont également été attribués. Pour autant, pour nombre de responsables religieux et politiques en Indonésie, si la mort du Malaisien porte assurément un coup sévère aux réseaux terroristes présents en Indonésie, elle ne réduit pas à zéro le risque de nouveaux attentats dans le pays.

La mort d’Azahari bin Husin a eu lieu dans un pavillon de Batu, une station de montagne située près de la ville de Malang. Le Malaisien semble s’être fait exploser à l’aide de grenades lors d’un assaut préparé depuis plusieurs jours par une unité d’élite de la police, le Détachement 88. Les échanges de tirs ont duré une demi-heure avant deux fortes explosions qui ont tué plusieurs complices du suspect. La ville de Batu abrite une forte présence catholique, et de nombreuses institutions catholiques y sont installées. Selon le P. Laurensius Heru Susanto, vicaire général du diocèse de Malang, les opérations de la police n’ont toutefois pas “perturbé significativement” la communauté catholique locale. Selon des sources proches des services de renseignement indonésiens, Azahari bin Husin et ses proches pré-paraient un ou des attentats “contre une grande église de Malang”. Ces actions auraient été planifiées pour la nuit de Noël, sur le modèle des attentats qui avaient fait dix-neuf morts à Noël 2000 lorsque des bombes avaient explosé dans ou à proximité de lieux de culte chrétiens à Djakarta et dans plusieurs autres villes du pays. Cette information n’a toutefois pas été corroborée par d’autres sources (1).

Selon les responsables des services de sécurité indonésiens et australiens, Azahari bin Husin était cité comme un successeur possible, à la tête des opérations de la JI, de l’Indonésien Hambali, aujourd’hui arrêté et sous la garde des Américains. Lui et Noordin Mohammad Top avait échappé de peu à une arrestation en 2003 dans la ville de Bandoung. La presse avait à l’époque sévèrement critiqué la police pour cet échec. Avec la mort d’Azahari bin Husin, le danger de futurs attentats n’est toutefois pas complètement écarté, ont souligné nombre de responsables indonésiens. Din Syamsuddin, secrétaire général du Conseil des oulémas indonésiens (MUI) et dirigeant de la Muhammadiyah, a lancé un appel aux jeunes musulmans indonésiens à ne pas se laisser tenter par les groupes terroristes. Il a ajouté qu’Azahari n’était pas un martyr, mais qu’il s’était tué lui-même. “La religion rejette fermement le suicide a-t-il déclaré. Selon le pasteur Andreas Yewangoe, président de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, la mort du Malaisien ne signifie pas l’éradication de l’idéologie qui l’animait. D’autres peuvent souscrire à ce qu’il pensait et une nouvelle génération de terroristes peut très bien surgir, a-t-il mis en garde.