Eglises d'Asie

L’aide humanitaire à la Corée du Nord du réseau Caritas sera désormais géré par Caritas Coreana

Publié le 18/03/2010




En dix ans, entre 1995, année où le régime nord-coréen a fait appel à la communauté internationale pour venir en aide à sa population, victime d’une famine qui aurait fait, selon certaines estimations plus de deux millions de morts, et 2005, le réseau international des Caritas a fourni trente-deux millions de dollars d’aide, en vivres, médicaments et autres biens matériels (1). Les 31 octobre et 1er novembre derniers, les membres du “Groupe Corée du Nord” de la Caritas Internationalis, dont la direction est assurée par la Caritas Hongkong, se sont réunis à Séoul, en Corée du Sud, pour faire le point sur dix années d’aide ininterrompues et les perspectives d’avenir de l’assistance humanitaire à la Corée du Nord.

Au cours de cette réunion, il a notamment été décidé que la direction du Groupe Corée du Nord sera désormais assumée par la Caritas Coreana. Ce groupe, dont les principaux membres sont les Caritas Allemagne, Japon, Italie ainsi que le Catholic Relief Services de la Conférence épiscopale des Etats-Unis, continuera de recourir aux services de Caritas Hongkong et notamment de la Suissesse Kathi Zellweger, directrice de la coopération internationale au sein de Caritas Hongkong. Au fil de fréquents voyages en Corée du Nord, Kathi Zellweger a accumulé une expérience unique.

Kathi Zellweger a ainsi rappelé qu’en 1995, lors des toute premières missions de Caritas Hongkong en Corée du Nord, “la situation était très grave”. Aujourd’hui, a-t-elle souligné, si l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires est devenu plus satisfaisant, la situation “demeure très fragile”. Pour le réseau Caritas comme pour les autres intervenants de l’aide humanitaire en Corée du Nord, se pose désormais la question de la réponse à apporter aux nouvelles exigences des autorités nord-coréennes. En effet, en septembre dernier, Pyongyang a demandé aux Nations Unies, qui sont, de loin, le plus important intervenant humanitaire en Corée du Nord, de cesser l’aide alimentaire à partir de la fin de cette année; le gouvernement nord-coréen exige désormais des agences de l’ONU et des ONG internationales intervenant sur son sol que les programmes d’aide soient désormais des programmes de développement. “Nos partenaires en Corée du Nord nous indiquent qu’ils souhaitent des programmes permettant d’assurer la sécurité alimentaire, le développement de l’agriculture et l’amélioration des infrastructures de santé a précisé Kathi Zellweger, tout en ajoutant : “Je pense néanmoins que les plus vulnérables [des Nord-Coréens] qui ne peuvent pas s’adapter aux changements économiques qui se passent en ce moment en Corée du Nord ont besoin de notre aide.”

Mgr Lazarus You Heung-sik, évêque du diocèse de Taejon et président de Caritas Coreana, a déclaré que l’Eglise catholique et ses organismes d’aide étaient d’accord pour dire que “l’aide au développement fait partie du devoir des chrétiens de venir en aide aux plus faibles”. Nous essaierons de soutenir la Corée du Nord à développer son économie et à améliorer la qualité de vie des Nord-Coréens, bien qu’il soit “difficile, en Corée du Nord, de faire la distinction entre l’aide au développement et l’aide humanitaire a-t-il ajouté. Selon Kathi Zellweger, Caritas négocie actuellement avec son interlocuteur en Corée du Nord, le “Comité pour la réhabilitation des destructions causées par les inondations”, afin de mettre en place des projets dans les domaines agricole et sanitaire, mais, à ce jour, aucun plan concret n’a pu être finalisé avec la Caritas.

En septembre dernier, une délégation sud-coréenne de la Caritas Coreana s’est rendue en Corée du Nord pour l’inauguration d’un atelier de production de semences de pommes de terre. Cet atelier, financé par la Caritas sud-coréenne, a été cité en exemple par Mgr Lazarus You comme le type de projet à soutenir aujourd’hui en Corée du Nord (2).