Eglises d'Asie

Malgré les protestations de son gouvernement, le Vietnam reste inscrit sur la liste des pays “préoccupants en matière de liberté religieuse”

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la parution du septième rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a indiqué à la presse (1) que le Vietnam a été maintenu sur la liste des “pays plus particulièrement préoccupants dans le domaine de la liberté religieuse en compagnie de sept autres nations, à savoir, la Chine, l’Iran, la Birmanie, la Corée du Nord, l’Erythrée, le Soudan et l’Arabie saoudite. Quelque temps auparavant, le 29 octobre, le gouvernement vietnamien, par l’intermédiaire de son porte-parole Lê Dang, avait déclaré que les accusations concernant l’absence de liberté religieuse dans le pays étaient dénuées de fondement et que les Etats-Unis devaient retirer le Vietnam de la liste en question.

Cependant, le jugement porté sur le Vietnam par le rapport sur la liberté religieuse dans le monde est moins sévère que pour d’autres pays (2). Alors que certains gouvernements comme ceux de la Chine, de la Corée du Nord et de Cuba sont accusés “de mener des actions totalitaires ou autoritaires pour contrôler les croyances et les pratiques religieuses le Vietnam se voit seulement reprocher de “montrer de l’hostilité à l’égard des religions minoritaires et non autorisées Le rapport souligne également les progrès accomplis en ce domaine au cours de l’année écoulée et cite un certain nombre de réformes positives qui ont commencé à être mises en application. Les auteurs du rapport mentionnent la récente libération de religieux (3), l’ouverture de classes de formation pour les pasteurs, la publication d’un certain nombre de textes législatifs et directives moins restrictifs, comme, par exemple, l’Ordonnance sur la croyance et la religion, entrée en application au mois de novembre 2004 (4), les directives du Premier ministre, au mois de mars dernier (5), destinées à faciliter la reconnaissance de certaines Eglises domestiques ou encore le décret d’application de l’Ordonnance.

Selon le rapport, les plus graves violations du gouvernement vietnamien dans le domaine de la liberté religieuses concernent certaines communautés protestantes établies au sein des minorités ethniques du Nord- ou du Centre-Vietnam. Ce sont ces violations qui ont été dénoncées tout récemment par l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Freedom House. Dans un communiqué publié au début du mois (6), peu avant le rapport du département d’Etat, l’organisation déclarait que des informations recueillies par elle montraient que le gouvernement continuait à réprimer les communautés protestantes de la minorité h’mong. Deux personnes de cette ethnie dans la commune de Chi Ca du district de Xun Man, province de Ha Giang, auraient fourni aux responsables de l’Eglise évangélique du Nord-Vietnam, Eglise officiellement reconnue, des témoignages de persécutions qu’ils auraient subies. Sept chrétiens ont été arrêtés et torturés par la police frontalière et les forces armées, pour avoir refusé de renoncer à leur foi. Le mois précédent, la même association faisait état d’un texte de la section locale du Parti communiste du district de Muong Nhe révélant que la politique officielle dans cette région h’mong consistait à lutter contre la religion et à faire disparaître les lieux de culte où se rassemblent les fidèles. Les cadres gouvernementaux, mentionnait le document, devront obtenir des fidèles qu’ils abandonnent leur foi et retournent à leurs croyances traditionnelles.

De nombreux comportements de ce type ont été rapportés ces temps derniers par divers médias et organes de presse étrangers. Le 7 novembre dernier, Radio Free Asia, qui avait déjà fait connaître les événements de la commune de Chi Ca, informait de l’arrestation d’un chef de communauté protestante h’mong dans une autre commune, information confirmée par le pasteur responsable de l’Eglise évangélique du Nord-Vietnam. Courant octobre, a été connue une plainte écrite (7) émanant d’un chrétien de 35 ans, nommé Vang A Lô, de la commune de Ta Pin, district de Sa Pa, province de Lao Cai. Membre du Parti communiste depuis 1997, le jeune homme s’était converti au christianisme à la fin de l’année 2004. Au mois de mars 2005, après avoir essayé en vain de le forcer à renier sa foi, la section locale du parti lui retira sa carte de membre. Ses biens et les ressources de sa famille lui furent confisqués. Lui-même a été battu et frappé au visage.