Eglises d'Asie – Indonésie
Papouasie occidentale : l’Eglise catholique aide à la préservation et à la promotion de l’art et de la culture papoue
Publié le 18/03/2010
Selon Mgr Aloysius Murwito, du diocèse d’Agats, la sculpture sur bois est le thème principal du festival, et c’est la première fois dans l’histoire du festival, que deux cents sculpteurs de différents districts se réunissent pour créer ensemble ces statues. Beaucoup de personnes de l’ethnie Asmat sont venues assister à ce festival qui, cette année, a été organisé conjointement par le diocèse et les autorités locales et a pris place, non plus dans un bâtiment du diocèse comme c’était le cas depuis la création du festival en 1981, mais dans le parc public de Yosaphat Sudarso. Mgr Aloysius Murwito souligne que ce festival réjouit les personnes de cette ethnie car il permet à tous de découvrir la beauté de l’art Asmat. L’Eglise catholique encourage cet événement car la beauté est une expression des valeurs culturelles, souligne l’évêque, qui ajoute : “Nous devons repérer comment les arts nous parlent de transcendance. La profondeur des croyances des Asmat se reflète dans leurs sculptures.”
Pendant ce festival, les “wow ipit tous catholiques, ont réalisé à partir de bois de mangrove des sculptures selon trois thèmes : l’environnement, l’homme et le monde spirituel. Pour le thème de l’environnement, les “wow ipit” ont sculpté des plantes et des animaux des marécages, tels un sagoutier et un banian, des crocodiles, des phalangers (marsupiaux), des serpents et des casoars. Le monde spirituel a été représenté par des silhouettes d’ancêtres Asmat en forme de mât, communément appelés “mbi Elles représentent les statues les plus importantes de la sculpture Asmat : pendant la période de création, les “wow ipit” jeûnent et tiennent un rituel religieux, qui fait partie intégrante de leur manière de sculpter ces statues. Les femmes ne sont d’ailleurs pas autorisées à regarder les “wow ipit” (1), et certains sculpteurs vont même se cacher pour réaliser ces statues.
Les mâts sont de couleur blanche, rouge et noire. Le blanc représente le deuil et est fabriqué à partir de coquilles d’huître broyées ; le rouge, qui symbolise le courage, est fabriqué à partir d’argile rouge ou de certains fruits ; la couleur noire, faite à partir d’asphalte, représente la rédemption, le pardon et la purification. Les Asmat ont coutume d’installer ces statues devant leur église, leur village et leur maison afin de se protéger d’éventuels malheurs.
C’est l’ancien évêque du diocèse, Mgr Alfonsus Sowada, qui a eu l’idée de préserver et d’encourager le développement de l’art Asmat il y a plusieurs dizaines d’années, après s’être rendu compte de la diminution du nombre des sculptures Asmat, faute de compétences artistiques suffisantes parmi les nouvelles générations. Frederik Soring, vice-responsable du district d’Agats, apprécie les efforts de l’Eglise catholique : “Grâce à l’Eglise catholique, la minorité Asmat est désormais plus largement connue.” Il a également promis le soutien des autorités locales pour le prochain festival, notamment en matière de transport et d’hébergement.
A la fin du festival, une vente aux enchères des statues a été organisée. Elle a rapporté 145 millions de roupies (12 400 euros), dont les neuf dixièmes sont revenus aux sculpteurs, le reste devant servir à financer l’organisation du prochain festival.