Eglises d'Asie

Dès sa première rencontre avec le Vice-Premier ministre Vu Khoan, le cardinal Crescenzio Sepe a mis l’accent sur les besoins en communication de l’Eglise du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Peu de temps après son arrivée à Hanoi, dans la matinée du 28 novembre dernier, après avoir été reçu chaleureusement à la cathédrale de Hanoi par les principaux responsables de l’Eglise catholique du pays, le cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, accompagné de quelques personnes, a fait une visite de courtoisie à M. Vu Khoan, deuxième Vice-Premier ministre. Le programme prévu, diffusé plusieurs jours plus tôt, mentionnait pourtant que le représentant du Saint-Siège rencontrerait le Premier ministre lui-même. L’agence de langue vietnamienne Vietcatholic News a diffusé un compte rendu de cette entrevue qui a duré trente minutes (1).

Le cardinal a d’abord déclaré au responsable politique vietnamien que, malgré les nombreux progrès accomplis ces temps derniers dans les relations entre les deux parties, le Saint-Siège désirait une amélioration encore plus positive. Il a illustré son propos en soulignant un certain nombre de besoins éprouvés par la communauté catholique au Vietnam, plus particulièrement dans le domaine de la communication et de l’information. Plus concrètement, le cardinal a mentionné le cas de la revue catholique Hiêp Thông (‘Communion’), organe de la Conférence épiscopale, au service de la communauté catholique ; revue pour laquelle, depuis de nombreuses années, une permission de parution a été – en vain – demandée. Il a aussi fait état de la volonté de collaboration de l’Eglise catholique au Vietnam dans le domaine social, plus particulièrement de son désir d’ouvrir des établissements éducatifs pour la jeunesse du pays. Le Vice-Premier ministre n’a pas donné de réponses immédiates aux suggestions du prélat romain. Il s’est cependant engagé à continuer et à renforcer les échanges entre les deux parties telles qu’ils existent actuellement et même, au besoin, de multiplier les rencontres.

Le P. Nguyên Ngoc Son, secrétaire du bureau de la Conférence épiscopale pour les diocèses du sud, a commenté les propos du cardinal en soulignant le profond besoin de communications qui aujourd’hui était ressenti par l’Eglise catholique au Vietnam. Celle-ci voudrait pouvoir imprimer et publier, elle-même, des livres religieux, ouvrir une bibliothèque, créer un ou des sites sur le réseau Internet, bénéficier d’émissions ou de chaînes radiophoniques et télévisuelles et surtout obtenir la possibilité de former un personnel spécialisé en ce domaine.

Depuis 1999, toutes les publications religieuses sont obligatoirement prises en charge par une maison d’éditions religieuses gérée exclusivement par le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. Pour l’année 2004, les catholiques ont eu droit à 58 publications, calendriers compris ; cette même année, les bouddhistes ont pu imprimer 150 publications. Le P. Son a fait remarquer que les ouvrages publiés officiellement ne constituent qu’une part minime de l’ensemble des publications diffusées aujourd’hui dans le pays. Un grand nombre de livres et de publications sont imprimés et diffusés sans autorisation, mais avec une diffusion réduite, quelquefois confidentielle.

La revue Hiêp Thông mentionnée par le cardinal Sepe, malgré le peu de numéros parus, a déjà derrière elle une longue histoire parsemée de péripéties malheureuses. L’Etat lui avait, en effet, donné son accord en 1996. L’autorisation émanait du Premier ministre. Mais cette approbation de principe n’a jamais reçu de confirmation concrète. A chacune des interventions du Bureau des Affaires religieuses sur ce sujet, lors des réunions annuelles des évêques, des raisons variées ont été trouvées pour retarder cette parution : absence de personnel formé et diplômé, carence de la loi en matière d’éditions, etc. Cependant, malgré cette absence d’autorisation écrite délivrée par les autorités, le bulletin était quand même publié et diffusé de manière confidentielle, ce qui faisait croire à une autorisation tacite Cependant, lors de la réunion annuelle de la Conférence épiscopale de l’année 2000, le directeur du Bureau des Affaires religieuses avait suggéré à ses auditeurs de mettre un terme à l’existence du bulletin, affirmant que la publication et la diffusion de la revue étaient illégales. Quelques autres numéros ont encore paru, mais voilà longtemps que la parution a cessé.