Eglises d'Asie – Taiwan
Le gouvernement taiwanais ainsi que l’épiscopat catholique doutent de l’existence d’un calen-drier secret relatif à la normalisation des relations entre le Saint-Siège et la Chine populaire
Publié le 18/03/2010
De cette succession d’événements, il a été immédiatement conclu par différents médias, notamment le South China Morning Post à Hongkong (2), que la visite du cardinal Tauran à Taiwan avait pour objet de préparer le transfert de la nonciature de Taipei à Pékin.
A Rome, dès le 1er novembre, l’ambassadeur de Taiwan près le Saint-Siège, Tou Chou-seng, déclarait « ne pas avoir connaissance d’un prétendu calendrier ». Je doute énormément que le Vatican rompe les relations avec Taiwan dans un proche avenir. Les relations entre Taiwan et le Vatican sont très bonnes, ajoutait-il, précisant que le Saint-Siège avait clairement fait comprendre que les liens ne seraient pas rompus avant que la Chine populaire et le Saint-Siège n’ouvre des pourparlers. « Nous observons très attentivement tout signe que pourrait émettre la Chine continentale ajoutait-il, assurant qu’il restait beaucoup à faire avant une éventuelle normalisation des relations enter Pékin et le Saint-Siège.
A Taipei, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est dit « vraiment surpris » des commentaires rapportés par The Times, précisant qu’à sa connaissance, aucun responsable gouvernemental n’avait tenu de tels propos. Taiwan, a-t-il ajouté, observe tout développement quant à la normalisation des liens entre la Chine et le Saint-Siège, mais ces liens ne peuvent être noués aisément tant que « Pékin a à résoudre des questions telles que l’absence de liberté religieuse et de démocratie ». Le porte-parole a cité en exemple la persécution visant les membres du mouvement Falungong ou les catholiques « clandestins ».
Du côté de l’Eglise catholique à Taiwan, le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung et président de la Conférence régionale chinoise des évêques à Taiwan, a souligné que, durant tout le temps où il était à Rome pour le Synode sur l’Eucharistie, du 2 au 23 octobre dernier, il n’a « rien entendu de nouveau » sur le dossier des relations diplomatiques. Le 25 octobre dernier, le cardinal Sodano n’a fait que répéter ce qu’il avait déjà dit en 1999, a-t-il souligné. « Le fait que le cardinal Sodano doive utiliser les médias pour envoyer un message à Pékin indique que les deux parties n’ont pas établi de canal formel de communication a-t-il ajouté. Pour l’archevêque de Taipei, Mgr Joseph Cheng Tsai-fa, un obstacle à la normalisation est la question de la nomination des évêques en Chine populaire, un point sur lequel ni Pékin ni le Saint-Siège ne semblent prêts à faire des concessions.
Toujours à Taipei, le professeur Chen Fang-chung, directeur de l’Institut d’histoire catholique de Taiwan où a été publié en 2002 un « Recueil des documents sur l’histoire des soixante années de relations diplomatiques entre le Vatican et la Chine a déclaré que « Pékin et le Saint-Siège n’ayant pas démarré de pourparlers formels, un calendrier ne peut exister ». Un point de vue partagé par l’évêque catholique de Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, qui précise que beaucoup dépend de ce que Pékin décidera.
Basé à Hongkong, Kwun Ping-hung, observateur de longue date de l’Eglise en Chine, a déclaré le 1er novembre à l’agence Ucanews que « cela n’avait pas de sens de fixer un calendrier pour la normalisation des relations entre la Chine et le Saint-Siège. Le Saint-Siège vise à établir des relations entre l’Eglise universelle et l’Eglise de Chine, mais les préoccupations de Pékin sont principalement situées sur le plan diplomatique ».