Eglises d'Asie

L’ordination de 57 diacres présidée par le préfet d’une Congrégation romaine a attiré des milliers de personnes sur le parvis de la cathédrale de Hanoi

Publié le 18/03/2010




L’avenir dira s’il s’agit bien d’un événement historique, comme on l’a dit. En tout cas, rapportée et abondamment commentée par les agences et organes de presses internationaux (1), suivie avec émotion heure par heure par les diverses instances de la diaspora vietnamienne catholique dans le monde (2), l’ordination de 57 nouveaux prêtres du Nord-Vietnam, le 29 novembre dernier, a attiré des milliers de fidèles sur une place publique de la capitale de la République socialiste du Vietnam. C’est en effet en plein air sur la place adjacente à la cathédrale qu’avait été élevée l’estrade où le cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, fraîchement arrivé de Rome la veille, a présidé la célébration, entouré d’une bonne partie de la hiérarchie catholique de l’Eglise du Vietnam. La foule des fidèles, venus de tout le Tonkin, certains dès la veille, se pressait sur cette place ainsi que sur les rues et avenues y débouchant, le parvis de la cathédrale s’étant vite avéré trop étroit. Elles avaient été pour l’occasion interdites à la circulation et plusieurs centaines d’agents de la police urbaine y assuraient l’ordre public. Dès cinq heures du matin, les places assises étaient occupées alors que la cérémonie ne débutait qu’à neuf heures.

Au cours de la cérémonie célébrée en latin et en vietnamien, langue dans laquelle le représentant du Saint-Siège, lui-même, s’est essayé dans l’adresse de son homélie, le sacerdoce a été conféré à 57 diacres appartenant à huit diocèses du Nord (de la province ecclésiastique de Hanoi), à savoir Bac Ninh (cinq), Bui Chu (sept), Ha Noi (treize), Hai Phong (trois), Hung Hoa (cinq), Phat Diêm (neuf), Thai Binh (cinq) et Thanh Hoa (dix). Ainsi, à l’exception du diocèse de Vinh, tous les diocèses de la province ecclésiastique de Hanoi étaient représentés. L’homélie prononcée par le cardinal Sepe a développé le thème de l’évangélisation et souligné qu’elle devait former le cour des activités de la communauté catholique au Vietnam et animer le dynamisme réel qu’elle manifeste aujourd’hui.

C’est ce dynamisme de l’Eglise du Vietnam qui est illustré par cet événement. Il manifeste, en effet, la résurgence et le nouveau départ du clergé des diocèses de la partie nord du Vietnam après de longues années de paralysie. Lors de l’exode qui avait suivi l’établissement du pouvoir communiste en 1954 au Nord-Vietnam, une importante partie des membres du clergé avaient suivi les fidèles de leurs communautés qui s’étaient réfugiés en divers diocèses du Sud. Puis, pendant longtemps, sauf en certains lieux, comme à Vinh, les établissements officiels de formation sacerdotale avaient été obligés de fermer leurs portes. Les ordinations ne furent autorisées qu’au compte-goutte. Certaines furent célébrées clandestinement. Ce n’est que depuis la fin des années 1980 que la situation a commencé à changer.

Après de nombreuses années de non-fonctionnement, le grand séminaire interdiocésain de Hanoi avait de nouveau ouvert ses portes en 1987, à la même époque que celui de Hô Chi Minh-Ville. Ce fut ensuite le tour de celui de Cân Tho et de celui de Vinh en 1988. En 1992, un autre établissement de formation sacerdotale fut ouvert à Nha Trang, et, enfin, en 1994, un sixième séminaire fut créé dans l’archidiocèse de Huê. Au début, le recrutement n’était autorisé par les autorités civiles que tous les six ans. En 1990 (3), l’intervalle de temps entre deux recrutements fut ramené à trois ans et, enfin, quelques années plus tard à deux ans. Il est actuellement d’un an pour le grand séminaire de Hanoi.

Depuis le début, le quota des séminaristes recrutés était également fixé par les autorités. D’abord fixé à 50 pour Hanoi, il était passé à soixante dans les années 1990. Au mois de juillet 2004 (4), le Bureau des Affaires religieuses a autorisé l’entrée de 90 étudiants. On ne sait pas encore si les cinq autres séminaires du Vietnam bénéficieront, eux aussi, de l’augmentation de quota accordé au grand séminaire de Hanoi.

Par ailleurs, l’article 22 de la nouvelle Ordonnance sur la croyance et la religion (5) rend plus aisée l’ordination de nouveaux prêtres sans forcément avoir recours à une permission préalable. En outre, grâce à des sessions de formation discrètes organisées dans certains diocèses, comme par exemple celui de Nha Trang, le statut de beaucoup de prêtres ordonnés clandestinement s’est peu à peu normalisé.