Eglises d'Asie

Quatre prêtres catholiques expriment leur solidarité avec quatre communautés religieuses de croyances différentes, aujourd’hui persécutées

Publié le 18/03/2010




Comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises (1), quatre prêtres catholiques bien connus ont livré un commentaire public des plus récents affrontements entre autorités civiles et religions. Leur sentiment à ce sujet est contenu dans une lettre ouverte explicitement adressée aux responsables et aux fidèles de quatre communautés religieuses implantées dans le pays, à savoir le bouddhisme hoa hao “authentique” (Thuân Tuy) (2), le bouddhisme unifié, et l’alliance des Eglises protestantes qui regroupe un certain nombre d’Eglises domestiques. Les quatre prêtres qui intitulent leur texte “Lettre de communion” sont le P. Chân Tin, rédemptoriste à Hô Chi Minh-Ville, et trois prêtres de Huê, le P. Nguyên Van Ly, libéré de prison en février de cette année, et les PP. Nguyên Huu Giai et Phan Van Loi. Ils passent en revue les agressions dont ont été victimes les communautés religieuses en question. Chacun des faits cités est accompagné de références précises aux sources d’information et d’une objurgation aux autorités civiles de réparer les dommages causés par leurs agissements.

En ce qui concerne les bouddhistes hoa hao, la lettre relève les deux interventions gouvernementales les plus récentes à l’encontre de cette communauté. Le 27 septembre dernier, peu de temps après les immolations volontaires par le feu de deux fidèles hoa hao, un procès s’est déroulé à huis clos et sans la présence d’avocats dans un tribunal populaire de la province de An Giang. Accusés de troubles de l’ordre public et d’opposition à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, deux religieux ont été condamnés à sept ans de prison, et quatre fidèles à des peines allant de quatre à six ans d’incarcération. Une deuxième agression a marqué la vie de la communauté hoa hao au cours du mois de novembre écoulé. Le 10 de ce mois (3), la destruction de la bibliothèque hoa hao située sur la terre sainte de cette religion dans la province de An Giang. Elle contenait des documents très précieux concernant les croyances de cette communauté.

Les prêtres se tournent ensuite sur une intervention qui a provoqué beaucoup de réactions dans les milieux du bouddhisme unifié. Le 19 novembre, la seconde personnalité de cette Eglise, le vénérable Thich Quang Dô, a été empêché par la police de venir présider la fête de commémoration de Nguyên Thiên (religieux à l’origine de nombreuses pagodes et communautés du Centre-Vietnam), célébration qui avait lieu à la pagode Giac Hoa, à Hô Chi Minh-Ville. Cette intervention de la police est qualifiée par la lettre de violation du droit de chaque citoyen à la libre circulation et à la libre résidence. Les signataires du texte s’insurgent ensuite contre toutes les interventions policières, particulièrement nombreuses dans les derniers jours du mois, visant à empêcher l’établissement par le bouddhisme unifié de son réseau administratif.

Les quatre prêtres parlent ensuite d’une campagne concertée organisée par les autorités gouvernementales pour réprimer les fidèles protestants en beaucoup d’endroits, mais plus particulièrement dans certaines ethnies minoritaires. Sont cités les mauvais traitements subis par des protestants de Chi Ca, dans la province de Ha Giang, pour n’avoir pas voulu abandonner leur foi, les coups reçus par un membre du Parti converti au christianisme, dans le district de Sa Pa, province de Lao Cây. Est mentionnée aussi la persécution subie par une communauté domestique située dans la province de Thanh Hoa.

Les auteurs de la lettre concluent en exprimant leur admiration pour tous ces croyants victimes d’agression à cause de leur foi. Ils soulignant leur esprit de sacrifice, approuvent leur revendication de liberté et d’autonomie pour les activités et l’organisation de leur Eglise. Ils voient dans leur combat une illustration de la lutte entre l’idéal sublime de la religion et l’obscurité pernicieuse d’une doctrine athée et inhumaine.