Eglises d'Asie

Sur les Hauts Plateaux du Centre, de nouvelles condamnations de militants sont prononcées et l’exode continue

Publié le 18/03/2010




Les nouvelles permettant de porter une appréciation sur la situation sociale sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam sont rares. Cependant, certaines, qui nous parviennent soit à travers les médias officiels, ou encore par des témoignages recueillis à la frontière du Cambodge, suggèrent que la répression, qui a suivi les manifestations de février 2001 et du mois d’avril 2004, se fait encore sentir. Quelques-unes de ces nouvelles concernent l’exode de certains Montagnards vers le Cambodge où des groupes de militants viennent à intervalles relativement réguliers se réfugier. Les autres, publiées dans la presse vietnamienne, sont des comptes-rendus de procès dans lesquels sont impliqués des militants accusés pour des raisons politico-religieuses.

L’exode de certains militants montagnards, la plupart du temps accompagnés de leur famille, se poursuit à la frontière du Cambodge. Tout récemment, le 24 novembre 2005, selon une information recueillie par Radio Free Asia (émissions en vietnamien), un groupe de trente-cinq Montagnards a été pris en charge par la section du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU au Cambodge qui se prépare à les accueillir. En attendant, ils sont actuellement en sécurité, dans un district de la province frontalière de Rattanakiri, hébergés par une ethnie minoritaire cambodgienne qui a alerté les représentants du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Selon leurs dires, les réfugiés viennent de la province de Gia Lai. Au départ, leur groupe comprenait une centaine de personnes. Malheureusement, plus d’une cinquantaine d’entre elles n’a pas réussi à éviter la police cambodgienne qui les a arrêtées et remises entre les mains de la Sûreté vietnamienne. Moins d’un mois auparavant, le 27 octobre, c’était un groupe de cinquante-quatre personnes, le groupe le plus nombreux depuis le mois d’août (1), que le HCR plaçait sous son patronage. Interrogés sur les raisons de leur passage au Cambodge, les membres des deux groupes ont donné comme raison la perte de leurs terres ancestrales.

Les comptes-rendus de procès sont une autre marque de la tension qui semble encore régner sur les Hauts Plateaux. Le dernier en date a été officiellement mentionné par vietnamienne d’information, le 17 novembre 2005. Il a eu lieu au tribunal provincial de Darlac (Dak Lak). Six militants y étaient jugés pour atteinte à l’ordre, à la sécurité et à l’unité nationale. Selon le compte-rendu officiel, les six accusés faisaient également partie d’une organisation réactionnaire opposé à l’Etat socialiste et animée par des anciens membres du FULRO (Front uni de libération des races opprimées). Lors du mois d’octobre 2001, le principal accusé, Y Kut Bdap, aurait reçu du Front Dega (2) la mission de faire de la propagande et de recruter des forces armées pour un district. Il aurait été en lien avec les Montagnards exilés aux Etats-Unis. Il aurait pris une part active à l’insurrection du mois d’avril 2001 et ensuite entraîné ces compagnons d’ethnie à passer la frontière en direction du Cambodge, une accusation qui concerne aussi les autres inculpés. Les condamnations ont été lourdes. Le principal accusé a écopé de dix-sept ans de prison. Les autres peines se sont échelonnées de onze à cinq ans. Tous, à leur sortie de prison, seront assignés à résidence pendant cinq ans.

En avril 2005, un représentant de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch estimait que, depuis février 2001, date de la première manifestation de Montagnards, on estime à 180 le nombre des Montagnards ayant été condamnés à des peines de prison pour leurs activités politiques ou religieuses, ou encore pour avoir fui leur pays illégalement (3). Depuis, un certain nombre de procès ont eu lieu et d’autres condamnations ont été prononcées.