Eglises d'Asie

Chhattisgarh : des dalits catholiques ont été contraints de se convertir à l’hindouisme, afin d’accéder aux privilèges accordés aux hors-castes, aux basses castes et aux minorités ethniques

Publié le 18/03/2010




La plupart des familles catholiques du village de Roopapali, dans le diocèse de Raipur situé dans l’Etat de Chhattisgarh, ont subi des pressions pour abandonner la foi catholique au profit de l’hindouisme, et ainsi accéder aux privilèges constitutionnels garantis aux dalits, aux basses castes et aux minorités ethniques. Ces quarante familles dalits appartiennent au groupe ethnique Gada.

La Constitution indienne applique en effet le principe de discrimination positive en faveur des basses castes et des minorités ethniques hindoues, afin de remédier à l’injustice qui leur est faite dès la naissance. Ces groupes se voient garanti certains privilèges : accès gratuit à l’éducation, quotas dans les universités et dans la fonction publique ainsi qu’un nombre déterminé de sièges dans les assemblées législatives. Ces mêmes droits ont été étendus aux dalits sikhs et bouddhistes, mais pas aux dalits chrétiens (1) ni aux dalits musulmans, du fait que ces deux religions ne reconnaissent pas le système des castes.

Hemlal, paysan et ancien catholique de Roopapali, rapporte à l’agence Ucanews que le maire du village a informé les familles catholiques dalits du groupe ethnique Gada, qu’ils ne pouvaient bénéficier des avantages accordés aux dalits tout en bénéficiant de ceux prodigués par la communauté catholique : soit ils restaient catholiques et ne bénéficiaient plus des avantages afférents à la condition de dalit, soit ils se convertissaient à l’hindouisme et pouvaient alors bénéficier des privilèges conférés aux dalits hindous. Selon l’épouse de Hemlal, institutrice à l’école maternelle du village, le responsable du village l’a informée que si elle restait catholique, elle ne pourrait plus continuer à enseigner. Madhu Nag, un catéchiste Gada dont des membres de sa famille viennent de se convertir à l’hindouisme lors d’une cérémonie de purification, précise qu’ils auraient été intimidés. Il ajoute que si sa famille était chrétienne depuis des générations, les enfants étaient enregistrés comme appartenant à la religion hindoue dans les écoles, afin de pouvoir bénéficier de la gratuité de la scolarité, privilège attribué aux dalits hindous. Certains catholiques du groupe ethnique Gada ont tout de même réussi à obtenir un poste dans la fonction publique en faisant prévaloir leur appartenance à la communauté dalit.

Selon Madhu Nag, les problèmes à Roopapali ont débuté avec les élections municipales, lorsque trois candidats Gada chrétiens et un candidat Gada hindou se sont présentés pour les élections en revendiquant leur condition de dalit. Le candidat hindou Rabbi Chowhan avait alors menacé ses adversaires chrétiens de les dénoncer pour “appropriation illégale de privilèges Selon Gyanendra Kumar, un des candidats Gada chrétiens, Chowhan, qui a gagné les élections municipales “est en train de prendre sa revanche Ce dernier a déclaré qu’il n’autoriserait plus les enfants chrétiens enregistrés comme hindous dans les écoles et qu’il allait demander au gouvernement régional issu du Parti du peuple indien (BJP, pro-hindou) d’enquêter au sujet des chrétiens qui bénéficient d’avantages inhérents à la condition de dalit.

Parmi les familles catholiques Gada récemment converties à l’hindouisme, une famille, celle de Gyanendra Kumar, a refusé de se convertir. Gyanendra Kumar, qui est diplômé de médecine et exerce dans le village, a décidé de renoncer aux avantages liés à la condition de dalit “Nous avons été mis au ban de la société aux niveaux social, économique et religieux, nous n’avons pas peur de la persécution, car Jésus est avec nous.” Il précise que l’Eglise catholique avait beaucoup ouvré dans le village qui était rattaché à la paroisse de Basna : construction de maisons, d’écoles, installation d’un puits, création de centre d’instruction, etc. Depuis les conversions, le P. S Swaminathan, curé de la paroisse de Basna, ainsi que ses catéchistes ont été interdits de visite dans le village.