Eglises d'Asie

Des prêtres, animateurs de communautés ecclésiales de base, s’unissent pour mettre un frein à la fréquence des combats de coqs

Publié le 18/03/2010




Sur l’île de Mindanao, à Davao City, d’anciens passionnés de combats de coqs, devenus responsables de communautés ecclésiales de base, soutiennent les efforts de prêtres de paroisse qui tentent d’éliminer les combats illégaux de coqs, spécialement à l’occasion les fêtes chrétiennes. Les combats illégaux de coqs qui ont lieu au coin des rues ou sur la place du village sont appelés « tigbakay selon une expression locale, explique Romulo Alvarez, du village de San Lorenzo, près de Puan, à Davao. L’expression ne s’applique pas aux combats de coqs officiels, autorisés dans certains lieux bien déterminés, indique cet ancien ‘aficionado’ des combats de coqs.

Agé de 61 ans, Romulo Alvarez a longtemps fréquenté les combats illégaux de coqs, avant de s’arrêter pour se consacrer entièrement à ses responsabilités d’auxiliaire paroissial et siéger au conseil des anciens. Il est aussi responsable des affaires familiales de la section Gagmay’ng Kristohanong Katalingban (GKK ou petite communauté chrétienne) de son village. Une GKK équivaut à une communauté ecclésiale de base (BEC) ou groupe de quartier qui se réunit pour réfléchir sur l’Evangile et traiter les problèmes de la communauté. Chaque GKK se choisit un saint patron et dix jours de fête sont consacrés à honorer l’anniversaire de sa naissance ou de son martyre.

Le P. Pedro Lamata, curé de la paroisse St Joseph Artisan, du district de Sasa, à Davao, a envoyé, en septembre dernier, une lettre au commissaire de police où il mentionnait vouloir retrouver l’ordonnance municipale de 1997 interdisant les tigbakay, spécialement durant les neuvaines et les fêtes des GKK. L’ordonnance spécifiait que les combats de coqs « ne sont permis que dans des lieux autorisés le dimanche, les jours fériés chômés et les jours de fêtes locales, mais pas plus de trois jours durant ». Dans sa lettre, le P. Lamata se plaignait d’un tigbakay prévu le lendemain de la fête de saint François d’Assise à La Verna, sur le territoire de sa paroisse : « Ils utilisent la fête de saint François d’Assise, patron de La Verna, pour organiser des tigbakay écrivait-il. Prêtre de paroisse, il demandait à la police de suspendre ces combats illégaux « pour que le peuple qui m’a été confié puisse célébrer en vérité cette fête avec toute la solennité requise ». La police a transmis la lettre du P. Lamata au conseil municipal, qui a décidé d’étudier le dossier, lors d’une prochaine audience publique. Cette procédure pourrait conduire, à l’avenir, à une éventuelle révision des règlements des jeux pendant les fêtes.

Le P. Lamata et son confrère, le P. Augustin Paunon, font partie des vingt-neuf prêtres des paroisses de Davao qui refusent de célébrer la messe les jours de fêtes si des combats illégaux de coqs sont censés se tenir quelque part dans leur communauté. La sévérité du P. Lamata et de ses confrères ne fait pourtant pas l’unanimité. Un laïc, responsable d’une GKK, à l’instar d’un autre prêtre, le P. Capulon, pense que ce genre de décision relève de la responsabilité de la communauté des chrétiens. Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao, a, quant à lui, a rappelé que les combats de coqs, dans son diocèse, n’étaient interdits que pendant les vêpres, la veille des fêtes paroissiales, et qu’il entendait laisser les GKK et les conseils paroissiaux prendre des décisions. Précisant qu’il avait hérité des règles fixées par son prédécesseur, Mgr Antonio Mabutas, archevêque de Davao jusqu’en 1996, il a déclaré : « Ils ne m’ont pas parlé de combats de coqs et ils sont libres de forger leurs propres règles, mais en accord avec les responsables paroissiaux. »

Toujours est-il que Ranil Pichon, un organisateur de combats officiels de coqs, soutient le P. Lamata dans sa campagne pour supprimer les combats clandestins à Davao : « Cela fera diminuer, si ce n’est supprimer complètement, ces combats illégaux qui sont la sources de multiples petites délinquances. »