Eglises d'Asie

En chacune de ses rencontres avec les responsables gouvernementaux, le cardinal Crescenzio Sepe a mentionné les limites de la liberté accordée par l’Etat aux religions

Publié le 18/03/2010




Au cours de son voyage au Vietnam, le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples s’est partout félicité de l’accueil qui lui était fait et de certains progrès de la politique religieuse gouvernementale au cours des dernières années. Il n’a cependant pas manqué, à chacune de ses rencontres avec des personnages officiels, de mentionner un certain nombre de limites imposées à la liberté et à l’activité des croyants par l’Etat vietnamien. En certains endroits, de hauts responsables de l’Eglise du Vietnam ont mentionné en sa présence les graves conflits opposant les communautés diocésaines aux autorités locales.

Quelques heures après sa descente d’avion, le 29 novembre dernier (1), accompagné des plus hauts responsables de la communauté catholique du Vietnam, il rencontrait le Premier ministre et lui faisait part de son désir de voir l’Eglise du Vietnam dotée de moyens de communication indépendants, d’une revue, d’émissions de radio et de télévision, et de la possibilité de fonder des établissements d’éducation au service de la jeunesse. Le même jour, devant le président du Comité populaire de Hanoi et, plus tard, devant le responsable du Bureau des Affaires religieuses, le cardinal a abordé d’une façon informelle une série de questions touchant à la nouvelle politique religieuse du gouvernement vietnamien à l’égard des religions.

A Huê, le 1er décembre, c’est l’évêque auxiliaire du diocèse, Mgr François-Xavier Lê Van Hông qui, dans sa présentation du sanctuaire de Notre Dame de La Vang au cardinal, a mentionné dans le détail, le grave conflit qui oppose le diocèse aux autorités locales en ce qui concerne les terrains appartenant au sanctuaire. Après un rapide historique et la description de l’affluence des fidèles au pèlerinage annuel, l’évêque a parlé des 23 hectares de terre qui, sans conteste, sont la propriété du sanctuaire, comme l’attestent des documents irréfutables. De nombreuses fois, a dit Mgr Lê Van Hông, l’archevêque de Huê a, sans résultat, réclamé cette terre aux autorités, en précisant qu’elle était indispensable pour l’accueil du demi-million de pèlerins qui y séjournaient chaque année. Mais ces démarches sont restées, jusqu’à présent, sans résultat.

Deux jours plus tard, le 3 décembre, le préfet de la congrégation romaine était reçu à Hô Chi Minh-Ville par le secrétaire de la section du Parti communiste de la ville, Nguyên Minh Triêt, membre du Bureau politique. Dans son discours de réception, le responsable communiste a affirmé que les catholiques de la ville jouissaient de la liberté de religion et de croyance, ajoutant que les autorités avaient établi des conditions favorables à l’ouvre religieuse et sociale de l’Eglise. Dans sa réponse, après avoir remercié la ville pour la chaleur de l’accueil qu’elle lui avait réservé, le représentant du Saint-Siège a affirmé qu’en tant que préfet pour l’évangélisation des peuples, il connaissait relativement bien la situation religieuse au Vietnam. Sans doute pour tempérer l’enthousiasme de son interlocuteur quant à la liberté dont jouissent les catholiques, il en a souligné quelques limites. Il a précisé que les activités sociales et éducatives de l’Eglise avaient besoin d’être grandement élargies.

Malgré tout, à son retour à Rome, lors d’une interview à Radio Vatican où il a exprimé son admiration pour la communauté catholique du Vietnam, le cardinal s’est montré optimiste quant à l’avenir des relations entre l’Etat vietnamien et l’Eglise du Vietnam. Il s’est montré persuadé que le gouvernement vietnamien avait pris conscience de la contribution des catholiques dans les domaines caritatif et social et que les relations ne pouvaient que s’améliorer. Faisant allusion aux longues années d’attente qui ont précédé la création du diocèse de Ba Ria (2), il s’est dit persuadé que, dans l’éventualité de la création de nouveaux diocèses, ces difficultés ne se présenteront plus. Il n’a pas précisé davantage, mais on sait que, depuis de nombreuses années, l’Eglise a proposé au gouvernement de diviser le diocèse de Vinh, dans le centre du Vietnam.