Eglises d'Asie – Singapour
Quelque temps avant son exécution, Nguyen Tuong Van avait été baptisé dans la religion catholique
Publié le 18/03/2010
Arrêté en décembre 2002 à l’aéroport de Changi en possession de 400 grammes d’héroïne, Nguyen Tuong Van avait reçu en prison le soutien de catholiques, visiteurs de prison, très actifs depuis de nombreuses années dans les prisons de la cité-Etat. Certains de ces visiteurs avaient approché Nguyen Tuong Van et, pour l’aider, avaient fait appel au P. Grégoire Van Giang. Ce dernier, membre des Missions Etrangères de Paris, missionnaire français d’origine vietnamienne, pouvait en effet s’adresser à lui en vietnamien, sa langue maternelle. Après ce que son avocat a décrit comme “un patient voyage pour être une personne bien Nguyen Tuong Van a demandé le baptême. Issu d’une famille bouddhiste, Nguyen Tuong Van a reçu le baptême en prison, le 17 août 2004, jour de son anniversaire et c’est le P. Grégoire Van Giang qui l’a baptisé. C’est aussi auprès de lui qu’il a passé sa dernière nuit, une nuit calme et sans sommeil, à lire la Bible, notamment ce verset du psaume 22 : “Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.” Lors des obsèques du jeune homme, célébrées le 7 décembre dans la cathédrale de Melbourne, en Australie, un passage du journal qu’il a tenu en prison a été lu : “Je suis heureux à l’heure où je me prépare à retourner auprès du Père. Vous êtes tous dans mes prières. Ne soyez pas désolé pour moi, mais réjouissez-vous pour la vie que le Seigneur nous a donnée par amour.”
Par ailleurs, après l’exécution du 2 décembre, une religieuse catholique de Singapour, dans un geste rare, a publiquement appelé le gouvernement singapourien à abandonner la peine capitale. Le 3 décembre, Sr Susan Chia, provinciale des Sours du Bon Pasteur, a qualifié la peine de mort de châtiment cruel et inhumain, contraire au droit à la vie. Ce sont des religieuses du Bon Pasteur du Marymount Convent qui ont pris soin de la mère et du frère jumeau du condamné durant les deux semaines qui ont précédé l’exécution. “Tandis que nous essayons désespérément d’adoucir la peine d’une mère après la perte de son fils, nous regardons en face la réalité que représente la peine de mort (.). Nous voulons que nos rues soient exemptes de drogues et qu’elles soient sûres pour nos enfants, mais cela doit-il se faire aux dépens de la vie d’une personne ? La sanction et la justice doivent toujours laisser une place au pardon.”
A Singapour, les autorités mettent en avant l’exemplarité de la peine de mort pour dissuader les trafiquants de drogue et le châtiment suprême est automatique pour les personnes arrêtées en possession de plus de 15 grammes d’héroïne. Rapporté à la taille de la population, Singapour se situe en tête des pays où les exécutions capitales sont les plus nombreuses.