Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : un prêtre catholique et des militants ont été arrêtés puis relâchés lors d’une marche pour la paix organisée à Ayodhya le 6 décembre dernier

Publié le 18/03/2010




En Uttar Pradesh, une trentaine de personnes, dont un prêtre et des laïcs catholiques, ainsi que dix moines bouddhistes ont été arrêtés puis relâchés le 6 décembre dernier, date anniversaire de la destruction de la mosquée Babri (1), alors qu’ils se rassemblaient pour participer à une marche pour la paix organisée par le “Sadbhavana Yatra Ce mouvement catholique a été crée par le P. Anand, de la Société missionnaire indienne, pour propager un message de paix et d’harmonie dans la région, grâce notamment à une marche de réconciliation d’un mois. Ce projet de rassemblement pour la paix et l’harmonie interreligieuse avait été mis sur pied avec l’accord des autorités locales en septembre dernier. Selon la CBCI (Catholic Bishops’ Conference of India), les instances administratives locales avaient promis d’apporter leur coopération à ce rassemblement.

La plupart des militants sont arrivés le 5 décembre à Ayodhya et se sont rassemblés à Kabir Mutt, un temple hindou. Selon le P. Anand, le 6 décembre au matin, les policiers les ont empêchés de sortir du temple pour se rendre à la marche organisée en ce jour. Gosai, un prêtre hindou, a rapporté à l’agence Ucanews qu’une fois arrivés à Ayodhya, des responsables hindous, bouddhistes et musulmans ont été stoppés par les policiers et n’ont pu rejoindre le groupe de militants déjà sur place. Il ajoute que les quarante-deux militants de différentes religions qui étaient contraints par les forces de police à rester dans le temple, ont continué de prier, de chanter et de débattre du sujet de la paix. Cela n’a pas empêché la police de procéder à leur arrestation pour non-respect du principe d’interdiction de se rassembler. Le P. Anand et son équipe ont été relâchés grâce à l’intervention de responsables hindous et musulmans, et les autres militants de diverses religions (dont dix moines bouddhistes), ont également été relâchés après avoir été conduits au commissariat de police.

“Nous ne comprenons pas pourquoi la police s’est comportée de cette manière avec nous. Je crois qu’elle ne veut pas que la paix et la bonne volonté prévalent dans cette région troublée par des tensions et considérée comme la terre sainte de la religion hindoue précise le P. Anand. Acharya Yugal Kishore, un prêtre hindou, n’a pas été surpris par la réaction de la police : “Les autorités administratives ont tout intérêt à alimenter les tensions entre hindous et musulmans, car de grosses sommes d’argent sont en jeu.” “Depuis 1992, le gouvernement a dépensé quelque vingt milliards de roupies (377 millions d’euros) pour garantir la sécurité à Ayodhya ; ils ont tout intérêt à entretenir le conflit, même si les hindous et les musulmans de la région désirent la paix ajoute un militant. Un responsable local musulman précise : “Pour la première fois, un groupe interreligieux s’est constitué pour revendiquer la paix. Il illustre bien cette soif de paix que nous éprouvons depuis des années.”

Selon le P. Anand, “des milliers d’enfants se sont déjà engagés en faveur de la paix, de l’harmonie et de la solidarité des communautés”. Cette marche pour la paix a débuté le 8 novembre 2005 à Varanasi (Bénarès), ville sainte hindoue, et s’est terminée au même endroit le 10 décembre dernier. Pendant toute la marche, le groupe de militants catholique a organisé des centaines de programmes de sensibilisation et des groupes de prière pour la paix, dans les rues, les écoles, et les villages, auxquels des musulmans et des hindous ont participé.