Eglises d'Asie

Venus des Philippines et de Corée du Sud, des représentants de syndicats agricoles catholiques exposent leurs inquiétudes face à l’ouverture des marchés agricoles dans le cadre de l’OMC

Publié le 18/03/2010




Quelques jours avant l’ouverture, à Hongkong, de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tient du 13 au 18 décembre 2005, des syndicalistes agricoles catholiques venus des Philippines et de Corée du Sud ont témoigné de leurs inquiétudes face à l’ouverture des marchés agricoles dans le cadre de l’OMC (1). Dans les deux pays, des accords ont été signés quant à l’ouverture des marchés nationaux aux importations, notamment de riz et de légumes. Ils étaient invités par la Commission ‘Justice et paix’ ainsi que par la Commission du travail du diocèse catholique de Hongkong.

Estrelita Mariano, membre du Conseil national du Mouvement paysan des Philippines (KMP), a ainsi expliqué que, selon elle, de très nombreuses personnes se sont appauvries du fait de l’ouverture du marché national philippin, conséquence de négociations menées dans le cadre de l’OMC. Seuls les pays industrialisés tirent un bénéfice des accords conclus, a-t-elle affirmé le 20 novembre dernier devant un public de Hongkongais, car les produits agricoles dans les pays en développement sont principalement consommés localement ; du fait des accords passés, les marchés domestiques s’ouvrent aux importations, les éventuelles subventions au monde agricole sont diminuées ou supprimées et, au final, les paysans locaux n’arrivent plus à gagner leur vie décemment. Selon Estrelita Mariano, “les petites et moyennes exploitations agricoles disparaissent en grand nombre car elles ne peuvent plus s’en sortir face à la concurrence représentée par les produits agricoles importés”. Entre 1994 et 2001, plus d’un million d’emplois ont été ainsi perdu aux Philippines, soit un peu moins de 10 % du total. “Les paysans qui ne joignent plus les deux bouts quittent la terre et vont chercher du travail ailleurs ; certains arrivent jusqu’ici, à Hongkong, où ils trouvent à s’employer comme domestiques explique-t-elle encore, précisant que 70 % des Philippins vivent à la campagne. A titre d’illustration, elle a indiqué qu’en 2002, un kilo de choux valait vingt-cinq pesos et qu’aujourd’hui, il ne valait plus que quatre pesos ; dans le même temps, le prix d’un sac d’engrais est passé de 350 pesos à 800-900 pesos.

Venu de Corée du Sud, Yang Huck, secrétaire général du Mouvement des agriculteurs catholiques pour le diocèse de Kwangju, a témoigné de phénomènes semblables dans son pays. Il a ainsi expliqué que de nombreux riziculteurs cessaient de cultiver la terre du fait de la baisse des prix du riz provoquée par les importations de riz étranger. Il a évoqué les manifestations que les paysans sud-coréens mènent quotidiennement à Séoul depuis plusieurs semaines, jusque sur le parvis de la cathédrale, pour dire leur colère (2). La terre que nous cultivons est un don de Dieu, a-t-il affirmé, et c’est pourquoi “nous devrions unir les voix des paysans en difficulté, pour défendre leurs droits et faire entendre leurs inquiétudes quant à la sécurité alimentaire”. En Corée du Sud, 7 % de la population active travaille dans le secteur primaire. A propos de la conférence ministérielle des 13-18 décembre, il a ajouté que son mouvement et d’autres organisations projetaient de mener des actions afin de faire connaître leur point de vue. Il a aussi précisé que les agriculteurs sud-coréens qui ont fait le déplacement de Hongkong n’avaient pas l’intention de recourir à la violence. Environ 110 agriculteurs catholiques sont présents à Hongkong, a-t-il dit.

A la Commission du travail du diocèse de Hongkong, Lawrence An Chung-yuk a expliqué qu’une délégation s’était rendue en visite dans le diocèse d’Andong, en Corée du Sud, pour étudier la manière dont, localement, les paysans intégraient leur foi catholique à leur vie de travail et aux actions menées. De ce voyage, Lawrence An a rapporté des expériences de cultures ‘bio’ et de réseaux de commercialisation organisées par les paroisses pour écouler avec un minimum d’intermédiaires les biens produits par les paysans.