Eglises d'Asie

Dans le compte-rendu de l’enquête qu’il a menée sur place, Christopher Smith affirme que le Vietnam reste encore un pays “préoccupant dans le domaine de la liberté religieuse”

Publié le 18/03/2010




De retour aux Etats-Unis après son voyage au Vietnam, le parlementaire américain Christopher H. Smith a rédigé et fait publier un compte-rendu de ses observations et de ses remarques, le 14 décembre dernier (1). Il y révèle, en particulier, que l’enquête qu’il a menée au cours de son périple au Vietnam, qui l’a conduit, du 1er au 3 décembre, de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville en passant par Huê, portait essentiellement sur deux sujets, la situation des droits de l’homme au Vietnam et l’état des recherches des dépouilles des soldats américains morts ou disparus au Vietnam au cours de la dernière guerre. En réalité, le communiqué ne s’attarde guère sur ce dernier domaine. A l’exception d’un paragraphe, le compte-rendu est consacré à la situation de la liberté de religion dans le pays.

Christopher Smith d’emblée se déclare troublé par ce qu’il a entendu de la bouche des soixante personnalités religieuses qu’il a rencontrées (2). Certes, écrit-il, on a annoncé que les pressions pour obtenir des croyants qu’ils renient leur foi étaient interdites. Quelques prisonniers ont été libérés. Certaines communautés religieuses ont été enregistrées. Le travail caritatif des associations religieuses a été facilité. En revanche, le gouvernement fixe des limites strictes à l’intérieur desquelles les activités religieuses doivent se dérouler et il s’en prend avec virulence aux croyants qui soulignent leur indépendance. A ce sujet, le parlementaire se réfère explicitement au deuxième personnage du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô, qu’il a rencontré à Saigon. Celui-ci, confirme Christopher Smith, est en résidence surveillée “effective” dans une pagode depuis octobre 2003. Le 19 novembre dernier, une cinquantaine de policiers l’ont empêché de se rendre à une cérémonie d’anniversaire qu’il aurait dû présider.

Il aborde ensuite la situation de l’Eglise catholique. Alors que le gouvernement permet l’ordination de cinquante-sept prêtres à Hanoi, il maintient un contrôle étroit sur les activités de l’Eglise. Il décide de ceux qui peuvent être ordonnés prêtres. Les publications sont censurées. L’Eglise ne peut gérer d’établissements caritatifs tels que des hospices ou des maisons d’assistance aux malades du sida. Les prêtres qui s’expriment avec force sont mis en prison ou encore en résidence surveillée. Christopher Smith mentionne sa rencontre avec le P. Nguyên Van Ly, emprisonné en 2001 après avoir rédigé un témoignage pour la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde. Bien que ce prêtre ait été libéré au mois de février, il est encore placé sous un très sévère régime de résidence surveillée.

Le congressiste américain s’étend ensuite sur la situation des Eglises domestiques sur les Hauts Plateaux du centre du Vietnam. Avec la publication de l’Ordonnance sur la croyance et la religion, le gouvernement a accompli une étape légale pour donner une solution à ce problème, affirme Christopher Smith. Cependant, l’application de la loi n’a pas suivi. Et les persécutions continuent. Le délégué américain a entendu parler de nombreuses affaires de confiscation de bibles, d’interventions policières au moment des offices, de l’impossibilité pour les communautés domestiques d’obtenir leur enregistrement en dépit de la nouvelle loi. Seules quelques-unes des 400 églises fermées par l’Etat sur les Hauts Plateaux ont pu ouvrir à nouveau leurs portes. On continue encore à forcer les chrétiens à renier leur foi.

En novembre dernier, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice avait laissé entendre que le Vietnam pourrait être retiré de la liste “des pays préoccupants en matière de liberté religieuse si on constatait des améliorations en ce domaine. Le parlementaire américain a déclaré qu’il conseillerait aux responsables de son pays de ne pas se hâter de rayer le nom du Vietnam de la liste. Auparavant, le Vietnam devra accomplir davantage d’efforts et permettre aux différents groupes religieux de mener leurs activités dans la liberté et l’autonomie.

En conclusion, le communiqué du parlementaire américain suggère un certain nombre de décisions qui pourraient être prises par le prochain Congrès du parti qui se réunira en 2006. Il pourrait, par exemple, élargir la liberté politique des citoyens, permettre aux groupes religieux de créer et gérer des établissements à but humanitaire. Il pourrait libérer de leur internement ou résidence surveillée tous les prisonniers politiques et religieux.