Eglises d'Asie

Hongkong : des catholiques et des défenseurs des droits de l’homme critiquent les autorités pour les arrestations de militants durant la conférence ministérielle de l’OMC

Publié le 18/03/2010




Durant les six jours qu’a duré la conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), du 13 au 18 décembre dernier, Hongkong, ville hôte de l’événement, avait été placée sous étroite surveillance policière. Les autorités craignaient les violences et les débordements éventuels que des militants opposés aux termes des négociations en cours pourraient provoquer. Les agissements des agriculteurs sud-coréens étaient tout particulièrement redoutés (1). De fait, tous les jours, aux abords du centre de conférence, des manifestations ont eu lieu. Elles se sont le plus souvent déroulées dans le calme. Les forces de police ont toutefois procédé à plus d’un millier d’interpellations, à l’occasion notamment d’une manifestation violente. La plupart des personnes interpellées étaient des Sud-Coréens, même si on comptait aussi parmi elles des Hongkongais, des Japonais, des Philippins, des Taiwanais et des Thaïlandais. Parmi les Sud-Coréens arrêtés, se trouvaient 48 membres du Mouvement des agriculteurs catholiques de Corée, dont leur aumônier, le P. Augustine Yu Young-il, du diocèse de Pusan, un jésuite, le P. Kolbe Kim Sung-hwan, et une religieuse. Des organisations catholiques de Hongkong et des groupes de défense des droits de l’homme ont commis des avocats afin d’aider les personnes interpellées. Le 18 décembre, l’évêque de Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, a demandé à rencontrer les catholiques détenus, mais la police lui a refusé l’accès au centre de détention.

Dans un communiqué publié le lendemain, Mgr Joseph Zen a critiqué la police, disant que les forces de l’ordre n’auraient dû arrêter que les fauteurs de troubles et non les manifestants qui défilaient pacifiquement. De plus, les personnes interpellées doivent se voir garanties un traitement juste et humain, a-t-il affirmé. Le même jour, la police a remis en liberté la quasi-totalité des personnes arrêtées, à l’exception de quatorze d’entre elles (onze Sud-Coréens, un Japonais, un Taiwanais et un ressortissant de Chine continentale), maintenues en détention pour “rassemblement illégal”. Selon Lina Chan Lai-na, de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Hongkong, la police a rejeté l’aide juridique que cette organisation se proposait d’apporter aux détenus.

La commission diocésaine et huit organisations de défense des droits de l’homme ont officiellement protesté, critiquant l’attitude de la police. Outre l’obstruction mise à l’accès à une aide juridique, des traitements inhumains auraient été commis. Parmi les personnes remises en liberté, un membre du syndicat sud-coréen des agriculteurs catholiques, Park Soon-hee, a témoigné. Il a déclaré s’être senti profondément humilié lorsque, dans le centre de détention, des policières ont pratiqué une fouille au corps sur sa personne, “nous déshabillant en face de policiers”. “Nous avons demandé à ce que ces fouilles soient faites derrière un rideau, mais cela nous a été refusé a-t-il témoigné.