Eglises d'Asie

Les congrégations religieuses féminines arrivées en Corée depuis le début des années 1990 n’enregistrent pas de vocations locales

Publié le 18/03/2010




Les congrégations religieuses féminines arrivées en Corée au milieu des années 1990, telles les sours des écoles Notre-Dame, les sours capucines ou les dominicaines, ont du mal à attirer les jeunes filles coréennes, malgré plus de dix ans de présence dans le pays.

Sr Mary Joanna Suh, religieuse coréenne de la congrégation Notre-Dame dont la maison mère se trouve à Munich, en Allemagne, est née au Japon, pays où elle a rejoint la congrégation. En 1996, elle est arrivée dans son pays d’origine avec une sour japonaise, les vocations religieuses au Japon se faisant de plus en plus rares. Elles ont travaillé ensemble auprès des personnes âgées et se sont également occupées d’un centre d’études pour les élèves en école primaire, jusqu’à ce que la sour japonaise retourne dans son pays en 2003. Depuis, Sr Mary Joanna Suh enseigne le japonais à de jeunes Coréens. C’est pour elle un moyen d’être en contact avec de jeunes femmes coréennes susceptibles de se sentir appelées à la vie religieuse. « Si dans cinq à dix ans, il n’y a toujours pas de vocations, je ne suis pas sûre de continuer à travailler ici précise-t-elle.

D’autres congrégations religieuses féminines, que ce soit les sours capucines de la Sainte Famille, ou les sours dominicaines de la Charité de la présentation de la Bienheureuse Vierge, se heurtent à la même difficulté. « C’est vrai, nous n’avons aucune aspirante coréenne avoue Sr Angela Martinez. Sr Angela est colombienne et religieuse capucine. Avec cinq autres sours de sa communauté, elle est arrivée en Corée en 1996. Sr Angelina souligne que sa congrégation s’est installée en Corée car, d’une part, il était relativement facile d’obtenir des visas pour ce pays, contrairement à d’autres pays asiatiques tels l’Inde ou l’Indonésie, et, d’autre part, parce que sa congrégation souhaitait élargir son travail missionnaire à la Chine et à la Corée du Nord. En 1995, quatre sours dominicaines de nationalité différente (colombienne, indienne et mexicaine) sont arrivées en Corée. Mais elles non plus n’ont pas réussi à attirer de vocations féminines coréennes. Depuis 1999, elles s’occupent d’un centre de soins pour enfants pauvres à Bucheon.

Dans le diocèse de Chuncheon, les religieuses passionnistes apostoliques, congrégation fondée en 1815 à Florence, en Italie, sont présentes depuis 1996. Sur les cinq religieuses, les trois novices et la postulante, toutes sont coréennes, à l’exception de la supérieure, d’origine espagnole. Sr Rosaria Shin est coréenne et est entrée dans la congrégation en 1992 aux Philippines. Elle explique qu’à part elle et sa supérieure, toutes sont entrées chez les passionnistes en Corée, depuis 1996. Toutefois, du fait de la faiblesse de leur nombre, elles ne peuvent se consacrer à leur charisme, le service des enfants et des familles divisées. « En fait, nous travaillons en paroisse explique Sr Shin, qui précise que les responsables de sa congrégation en Europe ont décidé de s’implanter en Corée, car elles avaient entendu dire que les vocations en Corée étaient nombreuses. Ce qui était vrai dans les années 1980, « mais, lorsque je suis arrivée, recruter des postulantes était déjà devenu difficile souligne-t-elle.

Selon la Conférence des évêques catholiques de Corée, la Corée du Sud comptait, au 31 décembre 2004, 103 instituts religieux féminins, avec 9 471 membres au total. Douze de ces instituts s’étaient établis en Corée après 1991.

La congrégation de Saint Paul de Chartres, fondée en France en 1696, est la plus grande et la plus ancienne congrégation religieuse implantée en Corée. Elle y compte actuellement 972 membres. Depuis 1996 et 1999, respectivement, des religieuses coréennes sont présentes en Mongolie et en Chine populaire, mais, à ce jour, aucune vocation locale ne s’est affirmée. Pour Sr Lugarda Seo, religieuse de Saint Paul de Chartres, dix ans de présence dans un pays, « c’est beaucoup mais ce n’est pas suffisant pour se préparer à recevoir des vocations locales ». Selon elle, beaucoup de choses dépendent du type de contacts établis avec la jeunesse et de l’apostolat dans lequel les congrégations sont engagées. Dans sa congrégation, en Corée, le nombre d’entrées depuis le milieu des années 1990 a été divisé par deux par rapport à celui des années 1980, ce qui a eu d’importantes conséquences sur l’apostolat des sours dans le pays aussi bien qu’à l’étranger. Sr Lugarda Seo explique ce problème de vocations par le fait que l’Eglise catholique et les congrégations religieuses en Corée n’ont pas su répondre aux rapides changements de la société et de la jeunesse coréennes : « Ce qui importe, c’est de répondre de manière adéquate à la culture actuelle des jeunes tout en leur permettant de devenir d’authentiques religieux. »

Selon la Conférence épiscopale, le nombre des religieuses, qui était de 3 926 en 1984, est passé à 6 844 en 1994 et à 9 471 en 2004, soit une augmentation de 74,3 % pendant la première décennie, et 38,3 % pendant la dernière décennie.