Eglises d'Asie

Les évêques catholiques et une majorité d’enseignants des écoles catholiques réaffirment leur opposition à la nouvelle loi sur les écoles privées

Publié le 18/03/2010




Les évêques sud-coréens et les instances responsables des écoles catholiques ont réitéré leur vive opposition à la loi concernant les écoles privées et menacent de n’en tenir aucun compte si le texte était promulgué en l’état (1). La Commission pour les Affaires sociales de la Conférence des évêques sud-coréens et la Fédération des instituts catholiques d’éducation de Corée du Sud, après cinq heures de débats, ont publié, le 14 décembre, un communiqué exprimant leur opposition à ce texte de loi, voté à l’Assemblée nationale le 9 décembre. La loi est maintenant sur le bureau du président de la République, Roh Moo-hyun, qui n’a plus qu’à la signer pour qu’elle soit promulguée.

Le communiqué demande instamment au prédisent Roh d’opposer son veto à cette loi. S’il ne le fait pas, le cas sera porté devant la Cour constitutionnelle avec le soutien de tous les groupes concernés. “Nous organiserons alors des campagnes de désobéissance contre la loi avertissent les signataires du communiqué, qui rappellent que l’Eglise catholique a exprimé à de nombreuses reprises son opposition à ce texte et ils affirment : “Ce projet viole les principes fondamentaux régissant les écoles privées, y compris les écoles confessionnelles, et menace leur autonomie d’administration.”

La commission épiscopale, dirigée par Mgr Vincent Ri Pyung-ho, évêque de Jeonju, comprend quatre évêques. La fédération, conduite par Mgr Matthias Ri Iong-hoon, évêque auxiliaire, rassemble vingt-quatre conseils d’établissements scolaires de treize diocèses, ainsi que quatre congrégations religieuses masculines et sept congrégations féminines (2).

Malgré les virulentes objections du Grand parti national (principal parti d’opposition) – dont les députés se sont retirés des débats -, le Parti Uri (majorité gouvernementale), avec l’appui de deux petits partis d’opposition, a fait passer la loi controversée sur l’école privée avec 140 votes pour, une voix contre et dix abstentions. Selon le texte de la loi, les comités de gestion des écoles privées seront désormais formés d’enseignants et de parents et prendront une part plus active à la marche des écoles privées, tâche qui auparavant était du seul ressort des directeurs des écoles privées. La nouvelle loi exige que le quart au moins des membres de leur conseil d’administration soit élu parmi les enseignants et les parents délégués des comités de gestion. L’objectif affiché du texte législatif est d’assurer une plus grande ouverture et une plus grande transparence dans la direction de ces écoles. De plus, les comités de gestion auront désormais voix consultative dans l’élaboration des budgets et des plans de développement des écoles, même si le pouvoir de décision est laissé aux conseils d’administration. Jusqu’à maintenant, les comités de gestion n’avaient qu’un rôle consultatif auprès du chef d’établissement. La loi enfin fixe à quatre ans le mandat d’un directeur, renouvelable une fois. En outre, il est exigé des conseils d’administration qu’ils publient les minutes de leurs rencontres.

Selon le frère mariste John Vianney Ahn Byeong-cho, secrétaire général de la Fédération des instituts catholiques d’éducation, les évêques et les personnes concernées ont souhaité réagir très rapidement après le vote de la loi par le Parlement car, selon eux, “les enjeux sont graves”. Sur les vingt-huit personnes qui ont pris part à la rencontre du 14 décembre, il se trouvait neuf évêques, présents en qualité de directeurs de l’enseignement catholique dans leurs diocèses respectifs. L’opposition de la hiérarchie catholique au projet de loi est ancienne. En octobre 2004, la Commission épiscopale pour les Affaires sociales avait déjà publié un communiqué rejetant vigoureusement le texte. Elle avait reçu le soutien de différentes Eglises protestantes, qui avaient mobilisé plusieurs milliers de manifestants dans les rues de Séoul.

Pourtant, au sein même de l’Eglise catholique, certains contestent la position des évêques. Aloysius Jung In-hwa, enseignant au lycée Tongsong géré par le diocèse de Séoul, affirme ne pas comprendre pourquoi les évêques et certains enseignants s’opposent à ce texte puisqu’il n’affecte pas les écoles privées qui sont “saines”. “Bien avant ce projet, nos écoles vivaient déjà la démocratie en n’engageant, par exemple, un nouvel enseignant qu’après en avoir débattu avec les professeurs et le principal et non sur la seule décision du directeur du conseil d’administration explique-t-il. Si une institution exerçant la tutelle d’une école privée conteste la loi, ajoute ce professeur de mathématique, cela indique qu’elle ne veut rien perdre de “l’antique pouvoir” de contrôle et de direction discrétionnaires.

Callistus Kim Cheol-youn, enseignant au lycée pour filles Ste Marie du diocèse de Pusan, affirme que, si les écoles catholiques sont bien gérées, ce n’est pas le cas, dit-on, de toutes les écoles privées. Il estime que la loi a peu de chose à voir avec la liberté religieuse. Ce sont les “opposants” à ce texte, dit-il, qui identifient dans cette loi des éléments qu’ils interprètent comme limitant cette liberté.