Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : en l’espace de trois mois, l’Eglise catholique a perdu deux avions

Publié le 18/03/2010




Le service aérien de la mission catholique, qui permet d’étendre sa pastorale jusqu’aux régions les plus reculées de la Papouasie occidentale et sert également de moyen de transport à la population de ces villages, vient de perdre deux avions en trois mois. Malgré tout, ses responsables disent être résolus à surmonter ces échecs. “Malgré ce contretemps, nous n’avons pas l’intention d’arrêter de servir les catholiques des régions isolées a déclaré le P. Anton Tromp, le 15 novembre dernier, deux jours après qu’un avion de Mission Aviation (AMA) se soit écrasé lors d’un atterrissage en catastrophe à Sorong, à la pointe ouest de la province. Le P. Tromp est un des responsables de l’AMA qui gère les avions utilisés par les missionnaires au service des Eglises locales et de la population de la Papouasie occidentale, vaste province au relief accidenté de l’extrémité orientale de l’archipel indonésien (1).

Lors du crash survenu à l’aéroport de Domine Eduard Osok, à Sorong, l’avion de l’AMA, un Cessna de quatre places, s’est retourné lors de l’atterrissage et a été endommagé au point de ne pas être réparable. Le pilote est sain et sauf, mais les deux passagers ont été blessés et conduits à l’hôpital local. Au mois d’août dernier, un autre Cessna de l’AMA avait déjà eu un accident, à l’autre extrémité de la province, dans le diocèse de Jayapura, sur la frontière proche de la Papouasie-Nouvelle Guinée. Selon Thomas Darmadi, un des responsables de l’AMA, les deux Cessna accidentés étaient vieux de dix ans. « Ils sont irréparables” et représentent une perte financière d’environ 100 000 dollars.

C’est Mgr Herman Ferdinandus Maria Munninghoff, aujourd’hui évêque émérite de Jayapura, qui a fondé ce service aérien en 1959, pour soutenir le travail pastoral de ses missionnaires à travers la Papouasie. Sans moyen de transport aérien, les missionnaires devaient marcher des semaines pour atteindre certains postes isolés (2). Pour commencer, l’évêque envoya six de ses prêtres, des franciscains hollandais, s’exercer au pilotage des avions en Hollande. La province, ex-Nouvelle Guinée occidentale, ancienne colonie des Pays-Bas, est passée sous le contrôle de l’Indonésie en 1963.

Mgr Hilarion Datus Lega, évêque de Manokwari-Sorong, espère que ces deux accidents n’interrompront pas le service pastoral des régions éloignées de son diocèse, tributaires de l’AMA. “Les vols de l’AMA sont nécessaires, spécialement pour rallier Ayawasi et Fef. Les Cessna desservent aussi Fak Fak, Kaimana, Manokwari et Bintuni. Aucune route n’a encore été ouverte pour désenclaver ces régions explique Mgr Lega, qui souligne qu’en plus des besoins pastoraux, les avions sont utilisés pour le ravitaillement. Les missions pastorales gardent toutefois la priorité sur les missions commerciales, précise-t-il.

L’Eglise catholique en Papouasie occidentale comprend un archidiocèse, Merauke, et quatre diocèses, Agats-Asmat, Jayapura, Manokwari-Sorong et Timika. L’AMA les dessert tous, sauf Merauke, qui préfère utiliser les lignes commerciales. Elle dispose pour cela de quatre Cessna-185 et de trois Pilatus Porter PC-6. Un Pilatus-Porter peut charger neuf passagers et un maximum de 800 kg de bagages et les Cessna, plus petits, ne peuvent prendre que quatre passagers et un maximum de 400 kg de fret. D’après Thomas Darmati, sur ces sept avions, deux sont en réparation. L’AMA souhaite acquérir un nouvel appareil, “mais pas un Cessna qui ne se fabrique plus. Le service actuel de l’AMA se divise en deux parts égales, les affaires commerciales et la pastorale pour Jayapura, Manokwari-Sron et Timika. Quelquefois aussi pour Agats-Asmat précise-t-il. Il reconnaît que le dernier accident inquiète les gens de Sorong, “parce que le seul mode de transport possible pour atteindre leurs régions isolées à l’intérieur de la Papouasie est l’avion”.

L’AMA possède quatre bases, Nabire, Sentani, Wamena (situées dans les diocèses de Jayapura et Timika) et Manokwari. A lui seul, le diocèse de Manokwari-Sorong dispose d’une cinquantaine de pistes utilisables par les Cessna et les Pilatus-Porter.