Eglises d'Asie – Mongolie
Sept mois après la mort accidentelle d’une personne dans la cathédrale d’Oulan-Bator, le lieu de culte catholique a – temporairement – rouvert ses portes
Publié le 18/03/2010
Depuis le 9 mai dernier, la cathédrale était fermée. A cette date, Ya. Demberelsuren, architecte au Bureau national d’inspection, était tombée d’un étage, à l’intérieur de l’édifice. Elle et d’autres fonctionnaires effectuaient ce jour-là une visite d’inspection dans la cathédrale. Examinant le second étage du lieu de culte – qui comprend, outre la cathédrale, une bibliothèque, une clinique, un centre de formation pour jeunes adultes et des logements pour le clergé -, l’architecte avait demandé aux entrepreneurs de soulever un plancher pour vérifier les poutres porteuses ; elle était alors tombée dans l’ouverture ainsi dégagée. Selon la loi et les traditions mongoles, l’édifice a été fermé pendant les 49 jours qui ont suivi les funérailles, célébrées le 13 mai 2005. Pendant cette période, aucune enquête ni pourparlers n’ont été autorisés. Ensuite, le gouvernement, la mission catholique et l’entreprise de construction se sont réunis afin de convenir des actions à mener. “Cela a duré sept mois et a causé beaucoup de soucis à notre évêque a déclaré le P. Patrick Mondomobe, chapelain de la cathédrale. “Même à présent, l’autorisation d’ouvrir la cathédrale est temporaire a-t-il précisé.
Mgr Wenceslao Padilla, préfet apostolique d’Oulan-Bator, a expliqué que la mission catholique devait dorénavant soumettre aux autorités la liste et les horaires des événements prévus dans la cathédrale. Avant et après chaque rassemblement, des experts viendront prendre des mesures, afin d’évaluer si la charpente est capable de supporter le poids de l’assemblée.
La cathédrale St Pierre – St Paul, ouverte en 2003, a été bâtie par une entreprise yougoslave selon des plans et une technique inusités en Mongolie. Une vaste charpente de bois soutient un large hall circulaire d’une capacité de plus de 500 places. Le sanctuaire est au deuxième étage et, juste en dessous, au rez-de-chaussée, se trouve une grande salle polyvalente. “Les inspecteurs n’ont jamais vu une aussi grande structure soutenue par une charpente de bois, souligne l’évêque. Même si l’entreprise yougoslave insiste sur le fait que cette technique est couramment employée dans son pays, il est compréhensible que les autorités mongoles ne souhaitent pas assumer la responsabilité de valider l’inspection d’un tel bâtiment, sans avoir l’assurance que la charpente soit capable de soutenir le poids de toute une assemblée.”
En octobre dernier, le Bureau national d’inspection avait envoyé un groupe d’experts, afin d’étudier les plans et de relever des cotes dans le bâtiment. Selon Mgr Padilla, plusieurs possibilités ont été évoquées, si la charpente s’avérait défaillante : soit remplacer les 163 lourds bancs en bois de la cathédrale par des bancs plus légers, soit installer des piliers de soutènement au rez-de-chaussée.
Ces discussions prolongées ne sont pas les seules difficultés à surmonter. Il faut également aider les paroissiens à surmonter leur appréhension de devoir entrer dans un bâtiment où une personne a été tuée, d’où l’importance du rituel de purification. Selon Oyun, une jeune femme catholique, “la cérémonie a été très longue, mais nécessaire (.). Nous, les Mongols, sommes très sensibles à la mort et nous n’aimons pas nous rendre là où des personnes ont trouvé la mort Mgr Padilla en est conscient : “Quand nous avons préparé la liturgie, nous sommes tous tombés d’accord que plus il y aurait de cierges, d’eau bénite et d’encens, avec tout le symbolisme qu’ils représentent, mieux cela vaudrait pour aider les personnes à chasser leurs peurs ou leurs angoisses.”
Sour Nellie Zarraga a rapporté que le rite de purification utilisait de l’encens et comportait des prières offertes en direction des quatre points cardinaux. Traditionnellement, les Mongols offrent du lait chaque matin dans ces quatre directions. “Cela symbolise l’unité de vie des personnes avec la nature et la terre a expliqué la religieuse originaire des Philippines, tout en ajoutant que l’assistance, à la suite de l’évêque, s’est tournée toute entière vers les quatre points cardinaux. A la fin de la cérémonie, la foule, fatiguée mais joyeuse, a chanté le dernier chant de la cérémonie, et l’évêque, visiblement éreinté, est sorti de la cathédrale tout en bénissant l’assemblée, avant de retrouver les paroissiens autour de petits pains et de jus de fruits.