Eglises d'Asie

Un an après le tsunami du 26 décembre 2004, des ONG et des agences d’aide liées à l’Eglise catholique ont formé une association internationale pour coordonner leur travail

Publié le 18/03/2010




Un an jour pour jour après le tsunami du 26 décembre 2004 qui a ravagé le pourtour de l’Océan Indien, diverses ONG et agences d’aide liées à l’Eglise catholique ont fondé une association internationale. La nouvelle structure, qui n’a pas encore reçu de nom, aura pour mission d’améliorer la réponse de ces organismes aux besoins d’aides d’urgence et de développement. Elle devra notamment veiller à ce que le travail de ses différents membres n’aboutisse à des doublons.

L’initiative de cette démarche revient à Caritas India, qui a été l’hôte d’une conférence à Bangalore, en Inde, réunissant les 21 et 22 décembre derniers les délégués d’agences basées en Australie, au Brésil, en Grande-Bretagne, en Inde, au Japon, en Malaisie, aux Pays-Bas et au Sri Lanka. Lors des débats qui ont présidé à la fondation de la nouvelle structure, plusieurs responsables d’agences d’aide humanitaire ont souligné qu’après l’élan de générosité suscité par la tragédie, “une compétition malsaine» a pu être constatée entre agences d’aide aux victimes de la catastrophe (1). Des délégués ont cité le cas d’ONG offrant des prébendes à des fonctionnaires pour être certains de pouvoir intervenir dans les villages choisis par l’administration comme devant être “adoptés i.e. aidés par telle ou telle agence dans tel ou tel domaine.

Selon Sour Fatima Nayaki, venue du Sri Lanka pour participer à la rencontre de Bangalore, l’absence d’un forum ad hoc dans les jours et les semaines qui ont suivi le tsunami n’a fait qu’accentuer le caractère chaotique de la gestion des aides qui ont afflué du monde entier vers les zones touchées par les vagues meurtrières. Il y a “un besoin pressant de mettre en place des principes d’action et un code de conduite a affirmé la religieuse.

Le P. George Kannanthanam, membre du comité central de la nouvelle structure, a déclaré que la première tâche de l’association sera de rédiger des règles de base à respecter en cas de crise humanitaire, de fixer des principes pour la participation des populations concernées et d’assurer la transparence dans les aides distribuées. Ce prêtre indien dirige une ONG locale, Sumanahalli Society (‘Société de la bonne volonté’), qui a été une des premières organisations à s’impliquer dans l’aide aux victimes, après le 26 décembre 2004. Il a précisé qu’il voulait répondre à la nécessité d’une meilleure “collaboration et mise en commun” entre ONG. Cette tâche concerne l’Asie toute entière, a-t-il souligné, ajoutant : “Ce qui manque, ce ne sont ni les bonnes volontés ni les ressources, mais la coordination et la mise en réseau.”

Concrètement, les responsables de la nouvelle structure publieront une lettre d’information, et lanceront un site Internet afin de faire connaître leurs objectifs. Ils souhaitent faire pression sur les gouvernements de la région pour que des politiques précises soient mises en place concernant la gestion des situations d’urgence. Les autorités devront impliquer les ONG et les représentants des populations locales dans ces plans d’action.

D’autres participants à la conférence de Bangalore ont souligné la nécessité d’impliquer étroitement les populations concernées dans les plans d’aide. Le vice-chancelier de l’Université de Bangalore, M.S. Thimmappa, a déclaré : “Ce désastre a été une tragédie d’une ampleur sans précédent. Par conséquent, la gestion de l’après-désastre doit aussi s’inscrire dans un programme d’une ampleur sans précédent où la part des populations locales doit être la plus large possible.” Selon Reyhana Seedat, consultante sud-africaine pour l’UNICEF, “très souvent, tant les donateurs que les agences qui se chargent de distribuer les aides tendent à agir en fonction d’ordres du jour qui leur sont propres et suivant des intérêts qui leur sont propres”. Par conséquent, a-t-elle souligné, une des carences principales de la gestion de l’après-tsunami a été la faiblesse de l’implication des victimes dans les plans de développement.

Enfin, la nouvelle structure s’est donnée pour mission d’aider les gouvernements des pays concernés en Asie à identifier les ONG dont l’action menée ces douze derniers mois permet d’asseoir la “crédibilité”. Un annuaire des ONG ainsi repérées sera dressé, avec l’idée qu’il convient de diriger en priorité l’action future des agences d’aide vers les domaines non ou peu couverts par les agences gouvernementales.