A Boukhara, les catholiques n’ont pas pu célébrer Noël ensemble par manque de place dans leur minuscule chapelle de fortune

Publié le 18/03/2010




A Boukhara, pour la veillée de Noël comme pour la messe du jour, les catholiques de langue polonaise et ceux de langue russe ont participé à des messes séparées, non pour des questions de langues mais par manque de place. Les catholiques de langue polonaise sont une trentaine et ceux de langue russe une quinzaine, or la chapelle ne peut contenir que vingt personnes. Une nouvelle chapelle plus grande est en construction au même endroit et devrait être achevée cette année. Depuis 2005, à Boukhara, quelle que soit leur langue, les catholiques prient ensemble à la messe des dimanches ordinaires célébrée en russe, même si un certain nombre de fidèles sont obligés de rester debout à l’extérieur.

Le P. Wojcieh Kordas a beaucoup travaillé à cette nouvelle construction, prévue pour 150 personnes. Un presbytère, une bibliothèque, un local pour Caritas Ouzbekistan, un autre pour le service d’entraide de la paroisse et enfin un lieu de rencontre pour le dialogue interreligieux y seront accolés. 88 % des 26 millions d’Ouzbeks sont musulmans. “La construction d’une chapelle et notre ministère au service des catholiques sont notre premier objectif explique le P. Kordas, ajoutant qu’il veut croire qu’une plus grande chapelle attirera davantage de monde, les catholiques n’étant que 500 environ dans tout le pays. Depuis 2002, la paroisse a une existence légale et, avant cette date, rappelle le prêtre, les fidèles se réunissaient dans un appartement.

Le P. Kordas et les neuf autres prêtres, tous membres d’une congrégation polonaise originaire de Cracovie, accompagnés de deux frères profès, travaillent en Ouzbékistan et pensent à célébrer la liturgie non seulement en russe ou en polonais mais aussi en anglais, car de nombreux touristes occidentaux viennent visiter Boukhara, centre historique important le long de la route de la soie, et sont susceptible de venir assister aux offices (1).

Pour Noël, la messe a été célébrée en polonais à la demande d’ouvriers polonais venus à Boukhara pour restaurer un des hôtels de la ville. Selon Malika, une Ouzbek russophone de 30 ans qui se prépare au baptême, la construction de la nouvelle chapelle est une initiative bienvenue car, par manque de place, elle doit laisser chez elle un de ses deux enfants chaque fois qu’elle vient aux offices.

Outre ce projet de construction, une des priorités du P. Kordas est de développer le dialogue commencé avec les musulmans. Il est aidé en cela par Mgr Jerzy Maculewicz, l’administrateur apostolique de l’Ouzbékistan (2), et par le P. Kazimierz Malinowski, provincial à Cracovie des franciscains conventuels. Ils travaillent l’un et l’autre pour que la paroisse de Boukhara devienne un centre privilégié du dialogue avec l’islam. Pour la messe de la veillée de Noël, la paroisse avait ainsi invité plusieurs musulmans à se joindre aux catholiques (3). Des fonctionnaires du Comité pour les affaires religieuses et plusieurs musulmans, membres alliés de quelques familles catholiques, sont venus. “Une bonne occasion d’avoir des contacts s’est réjoui le P. Kordas. Le jour même de Noël, il était invité lui-même par une radio locale à parler de Noël et de ses traditions chez les catholiques. Il voudrait que ses paroissiens partagent son intérêt pour l’islam. Il les encourage à étudier les croyances et les pratiques des musulmans qu’ils côtoient chaque jour. En mars prochain, il louera un minibus pour les emmener visiter les hauts lieux de l’islam autour de Boukhara et leur expliquer les traditions musulmanes liées aux pèlerinages et aux lieux saints. “Le concile de Vatican II nous demande de développer le dialogue interreligieux rappelle le P. Kordas, qui constate que ce dialogue contribue à l’apprentissage du “respect des autres”.