Eglises d'Asie

Célèbes : des responsables religieux, aux plans local et national, ont condamné un attentat commis sur un marché de Palu et ont appelé les autorités à réagir

Publié le 18/03/2010




A Célèbes, dans la ville de Palu, chef-lieu de la province de Célèbes-Centre, une bombe a explosé le 31 décembre dernier. La déflagration a eu lieu à 7 h. du matin, sur un marché de la ville, à une centaine de mètres d’une église chrétienne. Selon diverses sources, c’est la communauté chrétienne de la ville qui était visée. La bombe, qui comportait un grand nombre de clous, d’éclats de verre et d’acier, avait été placée à proximité d’un étal de viande de porc. Trois personnes sont décédées sur le coup, cinq autres peu après leur transfert à l’hôpital. Plus de 55 personnes ont été blessées. L’attentat n’a pas été revendiqué. Les festivités du Nouvel An ont été très réduites dans la province. Localement et au plan national, des responsables religieux, chrétiens et musulmans, ont dénoncé ce nouvel acte de violence.

Le P. Melki Johannes Tore, curé de la paroisse St Paul, à Palu, a qualifié les poseurs de bombe de “personnes sans religion et opposés à la vie”. Il a exprimé ses condoléances aux familles des victimes et ajouté que les responsables religieux de la ville, chrétiens et musulmans, faisaient de même. La ville de Palu est située à 100 km. au nord-est de Poso, région où des affrontements intercommunautaires entre chrétiens et musulmans ont fait plus de 2 000 morts entre 1998 et 2001. Depuis cette date, des incidents sporadiques ont émaillé la chronique, notamment en 2005. En mai de cette année, vingt personnes ont été tuées par une bombe déposée sur un marché de la localité de Tentena, localité à majorité chrétienne (protestante) (1) et, en octobre, trois jeunes filles chrétiennes ont été tuées, décapitées par des assaillants masqués (2).

A Djakarta, les responsables de la Communion des Eglises (protestantes) en Indonésie ont condamné l’attentat commis à Palu. Le président de la Nahdlatul Ulama, la plus importante organisation musulmane de masse du pays, a fait de même ; il a aussi appelé les autorités à retrouver les auteurs de l’attentat. A Palu, selon le P. Melki Johannes Tore, la situation n’a pas dérapé après l’explosion : les gens ont gardé leur calme car ils savent que ce sont des éléments extérieurs à la province qui sont les instigateurs de cet acte. Les habitants savent, a encore précisé le prêtre, que l’objectif des poseurs de bombe est de susciter l’animosité entre les communautés, afin de recréer les conditions d’un conflit intercommunautaire. Si un marché a été pris pour cible, c’est sans doute parce que les mesures de sécurité prises par les autorités rendent un pareil attentat plus difficile dans un lieu de culte ou auprès d’un bâtiment public.

Le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, a condamné l’attentat et appelé le chef national de la police à enquêter. Le ministre des Affaires politiques, légales et de sécurité, Widodo Adi Sutcipto, a ensuite annoncé la création d’une équipe spéciale, comprenant des policiers, des membres des services de renseignement et des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, pour mener l’enquête, avec pour mission de produire des résultats d’ici trois mois. “L’accent sera mis sur le respect de la loi, sur la lutte anti-terroriste, sur le renseignement et la sécurité. Il faut que l’on puisse empêcher les criminels de frapper a déclaré le ministre. Quelques jours plus tard, le 9 janvier, un incident a opposé des policiers et des militaires dans la région de Poso. Des membres des forces de l’ordre ont échangé des coups de feu, sans faire de victimes. Selon le Jakarta Post, si de tels heurts entre des forces de police et des unités de l’armée – deux corps qui ne sont pas réputés pour la qualité de leur discipline -, ne sont pas rares dans le pays, ils ne peuvent favoriser un apaisement des esprits. Souvent, ces heurts trouvent leur origine dans des différends liés à des “affaires” plus ou moins légales dans lesquelles les forces de l’ordre sont impliquées (3). Enfin, le 10 janvier, un incendie, sans doute d’origine criminelle, a détruit cinq bâtiments publics à Poso ; peu avant, une explosion de faible puissance avait eu lieu à l’extérieur de l’église de Sion, un temple protestant.

Dans la province de Célèbes-Centre, où plus de 4 000 membres des forces de l’ordre, police et armée confondues, ont été déployées à l’occasion des fêtes de Noël et de la fête musulmane de Adha (Aïd Al-Adha), Yusuf Lakaseng, membre d’une ONG locale de défense des droits de l’homme, estime que “ce clash (entre policiers et militaires) est un signal clair adressé au gouvernement qui doit comprendre que ce n’est pas en déployant des forces de l’ordre toujours plus nombreuses dans la région que les problèmes seront réglés”.