Le jour de Noël, pour la première fois, les catéchumènes d’Angren ont assisté à une eucharistie

Publié le 18/03/2010




A Angren, centre industriel situé à une centaine de kilomètres à l’est de Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, des catéchumènes étudient le catéchisme depuis le mois de mars, mais à Noël, pour la première fois, ils ont rencontré le Christ Jésus dans l’Eucharistie. Le P. Tadeush Glusiec, un franciscain conventuel, a célébré la messe de la veillée de Noël entouré de vingt catéchumènes et d’un couple catholique dans une maison privée, à Angren.

Vladimir Vitrlo, 47 ans, menuisier, et son fils avaient construit un autel spécialement pour cette messe dans leur maison où ils ont accueilli le groupe des catéchumènes toutes les semaines depuis mars pour prier et étudier le catéchisme. En février 2005, Vladimir Vitrlo avait rencontré le P. Krzystof Kukulka pour l’entretenir de son désir de devenir catholique. Depuis 2002, il faisait fonction de pasteur dans un groupe d’une quarantaine de sympathisants baptistes. La moitié d’entre eux l’ont suivi dans son désir de devenir catholique. Plusieurs prêtres se rendirent alors à Angren pour les aider à prier et les enseigner, jusqu’à ce que le P. Glusiec prenne la responsabilité du groupe en septembre dernier, partageant son temps entre eux et une communauté de catholiques coréens de Tachkent.

La communauté baptiste d’Angren a été fondée en 2000 par le pasteur Allan MacCall, missionnaire baptiste américain. Après quelque temps, plusieurs membres de cette communauté s’avouèrent incapables d’observer les pratiques que le pasteur leur demandait d’observer. “Ils ne pouvaient pas suivre les enseignements du fondateur, surtout ses nombreux interdits a expliqué Vladimir Vitrlo. Les femmes, principalement d’origine russe, âgées de 40 à 55 ans, ne pouvaient accepter de se voir interdire la télévision, le port du pantalon et la danse. Elles affirment même avoir été obligées de nager habillées et surtout pas en maillot de bain. Beaucoup comprirent rapidement que les interprétations personnelles de la Bible du pasteur américain étaient erronées.

Pour Venera Muradzyan, 43 ans, professeur d’histoire, c’est la prise de conscience de la dégradation des relations entre la communauté et leur pasteur qui les avait poussées à se tourner vers le catholicisme. Alexis Adylov, 55 ans, a dit quant à lui, que la première fois qu’il avait assisté à une classe de catéchisme c’était seulement par curiosité, pour connaître un peu mieux l’Eglise catholique. Peu à peu, il a compris que le catholicisme était “beaucoup plus riche avec ses traditions, son héritage théologique et ses saints et aussi que “la souffrance affermissait la foi des catholiques”.

D’après le P. Glusiec, l’étude du catéchisme, dans un cursus normal, dure environ quinze mois et se termine par une liturgie dont l’essentiel est la récitation de la profession de foi des apôtres par ceux qui, déjà baptisés, veulent entrer dans l’Eglise catholique. Cette année ce sera le dimanche de la Pentecôte, le 4 juin (1).

Quant à la fondation d’une nouvelle paroisse à Angren, Mgr Jerzy Maculewicz, administrateur apostolique d’Ouzbékistan, a précisé que le dépôt d’une demande officielle exigeait au départ cent signatures. “Fonder une nouvelle paroisse suppose une procédure compliquée qui dure entre un ou deux ans a expliqué le prélat qui a succédé au P. Kukulka, quand le pape Jean-Paul II a transformé en mars dernier la mission sui juris (pouvoir juridique personnel) en administration apostolique (pouvoir juridique territorial).

Autour des années 1940, Angren était un des grands centres industriels de la région de Tachkent. Sous le régime soviétique, ses mines de charbon et d’or étaient renommées. Après l’effondrement de l’Union soviétique et l’indépendance de l’Ouzbékistan en 1991, Angren et sa population de 130 000 habitants périclitèrent peu à peu pour devenir une ville morte, comme bien d’autres villes. Les gens quittent ces villes par manque de travail et les trop grandes difficultés rencontrées pour s’éclairer, se chauffer et s’approvisionner en eau. Faute d’acheteur aussi, certains partent en abandonnant leur logement. Beaucoup de maisons le long des routes n’ont plus ni portes ni fenêtres.