Eglises d'Asie

Les Eglises domestiques en milieu montagnard se heurtent à de graves difficultés d’enregistrement auprès des autorités régionales

Publié le 18/03/2010




Une lettre (1) émanant de deux fidèles protestants h’mongs de la province de Ha Giang, adressée aux instances de l’Eglise évangélique du Nord, reconnue par l’Etat, apporte un nouveau témoignage des persécutions subies par certaines communautés religieuses minoritaires, qui, malgré les directives du Premier ministre, n’arrivent pas à obtenir leur enregistrement auprès du pouvoir local. La lettre écrite par deux jeunes gens, Seo Pao, 23 ans, et Vang Xunh Lao, 21 ans, expose les raisons pour lesquelles ces deux fidèles ont dû abandonner leur résidence et s’enfuir à Hanoi afin d’échapper aux mauvais traitements que leur faisaient subir les militaires de la garde des frontières.

Les deux rédacteurs de la lettre, originaires de la commune de Thang Tin (district de Hoang Su Phi), se présentent comme des protestants relevant de l’Eglise évangélique du Nord-Vietnam. En octobre dernier, ils s’étaient rendus à Hanoi pour y obtenir des instances de l’Eglise évangélique le dossier-formulaire leur permettant de réaliser l’enregistrement de leur communauté auprès des autorités communales. Revenus chez eux, ils remettaient le dossier dûment rempli au pouvoir local qui, dans un premier temps, parut s’en satisfaire. Peu de temps après, on leur faisait savoir que leur demande d’enregistrement était sans valeur. Le 21 décembre suivant, ils étaient convoqués au poste des troupes frontalières du district pour “une séance de travail” (interrogatoire). Le chef de poste leur reprocha d’avoir abandonné leurs coutumes ancestrales pour une religion étrangère, les frappa au visage et les maltraita, les mettant en demeure d’annoncer à leur communauté que chaque croyant serait puni d’amende ou alors de se préparer à aller en prison où ils seraient soumis à des séances de matraques électriques. Saisis de peur, les deux fidèles protestants sont venus chercher de l’aide à la capitale auprès de l’Eglise évangélique. Là, ils ont appris que les gardes frontaliers étaient venus effectuer des fouilles à leurs domiciles et avaient ordonné à leur famille de les faire revenir chez eux. «Un jour à Hanoi serait sanctionné d’un an de prison avaient-ils menacé.

Les deux fidèles h’mongs ont remis la lettre exposant le récit de ces exactions au responsable de l’Eglise évangélique, le pasteur Phung Quang Huyên. Celui-ci a écrit une requête au Premier ministre et à différentes autorités. Il y dénonce “ceux qui se sont ainsi opposés à l’exercice de la liberté religieuse qui est le droit inviolable de chaque citoyen En même temps, le pasteur a exigé que soit lancée une enquête sur place destinée à identifier les individus et les groupes coupables de ces infractions graves à l’égard de la Constitution et de la loi et que soient prises contre eux des mesures sévères.