Eglises d'Asie

Pour l’Eglise catholique, l’année 2005 a combiné ombres et lumières, selon les propos de l’archevêque de Hanoi

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre d’une série d’interviews accordées à Radio Free Asia par un responsable du Bureau des Affaires religieuses et par des dirigeants de communautés religieuses reconnues, l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngô Quang Kiêt, a dressé un tableau du développement récent de l’Eglise catholique et fait un bref exposé des événements survenus au cours de l’année écoulée. Il a décrit les relations de l’Eglise catholique et de l’Etat vietnamien comme un complexe d’ombres et de lumières, reprenant ainsi une expression de la première lettre commune des évêques du Vietnam.

L’intervention de l’archevêque a d’abord mis en valeur l’ensemble particulièrement important des heureux événements qui ont touché, cette année, l’Eglise catholique au Vietnam. Il a cité d’abord la nomination de deux nouveaux évêques, l’évêque coadjuteur de Nha Trang (1), consacré le 15 décembre à Dalat, et l’évêque coadjuteur de Bui Chu (2), qui sera ordonné le 18 janvier prochain. La visite du préfet de la Congrégation romaine pour l’évangélisation des peuples, le cardinal C. Sepe, a été également pour la communauté catholique un événement marquant. Parmi les changements positifs, l’archevêque a cité une mesure gouvernementale permettant au grand séminaire de Hanoi de recruter des candidats au sacerdoce tous les ans, au lieu de tous les deux ans, comme c’était le cas jusque là. Enfin, Mgr Kiêt a considéré que le rendez-vous annuel de Notre-Dame de La Vang, qui a rassemblé cette année un demi million de fidèles, a été la plus grande manifestation de foi des catholiques vietnamiens au cours de l’année écoulée. Interrogé au sujet de l’évangélisation, thème abordé plusieurs fois par le cardinal Sepe au cours de son voyage, l’archevêque de Hanoi a d’abord souligné qu’il était difficile de mesurer ses progrès en l’absence de statistiques fiables. Cependant, il a fait remarquer que, lors du rassemblement autour du cardinal Sepe à Hô Chi Minh-Ville, on avait dénombré plus de 2 000 catéchumènes. Il a ajouté que cette évangélisation, aujourd’hui, se révélait plus facile dans les villes que dans les régions montagneuses, auprès des populations minoritaires.

Dans une seconde partie de son intervention, Mgr Kiêt a souligné que ces résultats positifs ne suffisaient pas et que de nombreux progrès restaient à faire. Il a évoqué le manque de prêtres sévissant encore dans la partie nord du Vietnam et le manque de lieux de formation. Il a aussi exprimé le désir d’un engagement social plus prononcé ressenti par l’Eglise catholique, particulièrement dans les domaines éducatif et sanitaire, rappelant que plusieurs fois la Conférence épiscopale du Vietnam avait fait des propositions à ce sujet au gouvernement. Après chaque réunion épiscopale, a insisté l’archevêque, des requêtes ont été envoyées au gouvernement, formulées dans le style qui convient à des responsables d’Eglise. “Nous autres, responsables spirituels, a précisé l’évêque, avons notre façon particulière d’élever la voix» Ces propositions, jusqu’à présent, n’ont pas reçu de réponses adéquates. Dans le domaine social, l’archevêque signale que le mouvement – qui va croissant – de migration des campagnes vers les villes pose des problèmes à l’Eglise, notamment en matière de lieux de culte.

A la question de savoir pourquoi ces besoins de l’Eglise n’étaient pas satisfaits, Mgr Kiêt a répondu que cela dépendait du gouvernement et de l’ouverture plus ou moins grande de sa politique religieuse. Chaque année, a souligné le responsable de l’archidiocèse de Hanoi, les évêques font des propositions au gouvernement. Tout récemment, le cardinal Sepe lui-même a souhaité publiquement que la contribution de l’Eglise au progrès social soit plus importante. Par ailleurs, Mgr Kiêt a mis en relief le caractère disparate de l’application de la politique religieuse du gouvernement, tout particulièrement de sa dernière ordonnance, en fonction des régions où, parfois, l’incompréhension des cadres spécialisés dans les affaires religieuses crée de grandes difficultés dans les communautés de base.

Dans le cadre de la même enquête sur la situation religieuse en 2005, trois autres personnalités ont été interrogées, parmi lesquelles un représentant de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, patronnée par l’Etat, et un dirigeant de l’Eglise évangélique du Nord, reconnue par l’Etat. De la bouche de Nguyên Thê Danh, membre du Bureau des Affaires religieuses, également interrogé, on a appris que les difficultés concrètes des croyants, qui, selon lui, constituent 25 % de la population du Vietnam, venaient du fait que ceux-ci ne saisissaient pas la politique religieuse du gouvernement dans son ensemble et ne portaient leur attention que sur leur cas particulier. Il a également affirmé que la nouvelle ordonnance était pleine de promesses, mais que son application n’était encore que partielle.