Eglises d'Asie

Les autorités policières essaient de neutraliser les représentants du bouddhisme unifié récemment mis en place dans les provinces du sud du Vietnam

Publié le 18/03/2010




La restructuration administrative du bouddhisme unifié entreprise depuis quelque temps par ses responsables rencontre partout l’opposition déterminée des autorités gouvernementales qui refusent de reconnaître une autre hiérarchie que celle de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, Eglise patronnée par l’Etat par l’intermédiaire du Front patriotique. Au cours des mois précédents, de nombreux incidents avaient éclaté dans les provinces du centre du pays où la mise en place de représentants du bouddhisme unifié avait provoqué des réactions agressives du gouvernement. Dernièrement, les autorités sont, de nouveau, intervenues contre des représentants officiels de cette branche indépendante du bouddhisme, à l’est et à l’ouest du sud du Vietnam, dans la province de An Giang et dans celle de Ba Ria-Vung Tau (1).

Le 26 janvier dernier, des fidèles étaient venus prier à la pagode de Tây Huê, district de la montagne Sam, province de An Giang, pagode desservie par le vénérable Thich Chon Tâm, nommé le 5 novembre 2005 délégué principal du bouddhisme unifié pour la province An Giang par l’Institut de propagation du Dharma (organe directeur du bouddhisme unifié). A leur sortie, la police les a conduits au poste du district où on leur a intimé l’ordre de couper toute relation avec le religieux et de ne plus pénétrer dans la pagode. Informé de l’affaire, le religieux est venu se présenter aux autorités à qui il a demandé les raisons de cette intervention policière auprès des fidèles bouddhistes. Aucune réponse ne lui a été faite et il a été chassé des lieux sans même pouvoir rencontrer les fidèles bouddhistes encore interrogés. Quelques jours auparavant, des agents de la police provinciale étaient passés à la pagode où ils avaient ordonné au desservant de dissoudre immédiatement la délégation du bouddhisme unifié et de cesser d’être en rapport avec le vénérable Thich Quang Dô, haut responsable du bouddhisme unifié à Hô Chi Minh-Villen sinon le moine serait expulsé de la pagode. Le religieux avait répondu qu’il attendait un ordre écrit des autorités civiles et qu’il ne manquerait pas de faire connaître son expulsion à diverses organisations internationales. Quelque temps plus tôt, il avait appris de la police elle-même qu’il était étroitement surveillé et que ses conversations étaient enregistrées. Le religieux est aujourd’hui isolé dans sa pagode, téléphone et Internet coupés.

La délégation du bouddhisme unifié qui a été mise en place, le 19 septembre dernier, dans la province de Ba Ria-Vung Tau, traverse, elle aussi, une période de grande tension due aux tracasseries et attaques menées contre elle par la police qui s’efforce d’isoler les membres de la délégation et empêche le fonctionnement normal de la pagode de Phuoc Buu, rattachée au bouddhisme unifié. Les autorités ont entrepris contre elle une campagne de dénigrement systématique jusque dans les maisons des fidèles bouddhistes pour les dissuader de fréquenter la pagode de Phuoc Buu pour les fêtes bouddhiques. Le 11 janvier dernier, une fête de fin d’année organisée par la pagode a été empêchée par un très vaste déploiement de police qui a cerné le quartier, envahi la cour de la pagode et calomnié les religieux, déclarant à travers des haut-parleurs qu’ils étaient des opposants à l’Etat.

Par ailleurs, les autorités civiles s’efforcent de susciter la création d’une délégation issue du bouddhisme patronné par l’Etat (Eglise bouddhiste du Vietnam) pour que celle-ci prenne en mains la pagode de Phuoc Buu et neutralise ainsi l’équipe du bouddhisme unifié qui s’en occupe actuellement.

Dans une interview accordée le 28 janvier 2006 à Radio Free Asia, le vénérable Thich Quang Dô a déclaré que, désormais, le bouddhisme unifié était doté de dix délégations dans les provinces du centre et du sud. Le haut dirigeant bouddhiste a confirmé que celles-ci se heurtaient aux pressions gouvernementales tentant de les éliminer ou de les neutraliser. Cependant, jusqu’à présent, les représentants locaux du bouddhisme unifié avaient bien résisté. Dans l’année qui vient, le bouddhisme unifié compte bien étendre encore le réseau de ses infrastructures administratives et établir de nouvelles délégations.