Pour leur assemblée plénière, les évêques catholiques ont souhaité se concentrer sur des priorités pastorales définies de longue date

Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Angel Lagdameo, archevêque de Jaro, avait ainsi confié à Mgr Francisco Claver, évêque émérite de Bontoc-Lagawe, la tâche de mener une réflexion sur la promotion des valeurs morales dans la vie politique du pays. Ainsi que Mgr Claver l’a exprimé, l’Eglise devrait s’efforcer de promouvoir des valeurs morales saines au sein des communautés rurales et des bidonvilles, plutôt qu’auprès “des riches et des puissants, ainsi que nous avons tenté de le faire – et là où nous avons échoué”. Mgr Claver, jésuite et sociologue, a expliqué qu’il avait reçu une lettre d’une ONG locale, Urban Poor Associates (UPA), appelant les évêques à l’aide. Les responsables d’UPA estiment que l’Eglise a un rôle à jouer auprès des populations pauvres des villes dans des domaines aussi fondamentaux que le logement, l’alimentation, l’accès à l’eau ou aux emplois. Selon Mgr Claver, si les évêques répondent à de tels appels, ils se conformeront à la volonté de Mgr Lagdameo de voir l’Eglise ouvrer à la promotion des valeurs morales plutôt que de s’impliquer dans la vie politique au jour le jour.

Début janvier, le président de la Conférence des évêques, qui a succédé à ce poste à Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato, en décembre 2005, a annoncé que l’Eglise se concentrerait cette année sur les priorités pastorales définies en 1991, à l’occasion du Second conseil plénier des Philippines, de façon à ne pas apparaître comme réagissant sans cesse aux problèmes politiques qui surgissent chaque jour ou presque. Ces priorités, réaffirmées en 2001 lors de la Consultation pastorale nationale sur le renouveau de l’Eglise, a rappelé Mgr Lagdameo, sont, notamment, la mise en avant du rôle des laïcs dans la transformation de la société, l’édification d’une Eglise des pauvres, la famille comme point nodal de l’évangélisation, la mise en place de communautés ecclésiales de base et le renouveau du clergé. Des éléments tels que “le cheminement auprès de la jeunesse ou l’approfondissement de l’ocuménisme, du dialogue interreligieux et de la formation à la mission” ne sont pas oubliés, a rappelé l’archevêque.

Selon Mgr Jose Oliveros, de Malolos, la quasi-totalité des évêques partagent ces orientations, mais les ordonnent différemment en fonction des priorités qui sont les leurs, localement. Son diocèse, situé dans la province de Bulacan, juste au nord de Manille, prépare une assemblée pastorale pour 2007, a-t-il expliqué, et la priorité, dans son Eglise, est de faire en sorte que les communautés ecclésiales de base se mettent en place afin de mieux servir les besoins des fidèles. Avec 1,8 million de catholiques et une centaine de paroisses, Malolos est le troisième plus grand diocèse du pays.

Pour Mgr Antonio Ledesma, vice-président de la Conférence épiscopale et évêque d’Ipil, “le problème numéro un dans notre région est posé par l’industrie minière”. Même si aucune grosse mine ne fonctionne pour l’heure, les multinationales prospectent le territoire de la prélature. Ipil est situé dans la province de Zamboanga del Sur, dans la partie occidentale de l’île méridionale de Mindanao. Mgr Jose Manguiran, évêque de Dipolog, a indiqué que trente-deux évêques entendaient signer une déclaration pour dire leurs préoccupations quant aux atteintes à l’environnement dues à l’industrie minière.

Pour Mgr Leonardo Medroso, de Borongan, diocèse situé sur l’île de Samar, au centre des Philippines, l’urgence est également, en collaboration avec les deux autres diocèses de Samar, celle de la lutte contre les opérations de l’industrie minière. L’accent est mis sur la collaboration avec les laïcs actifs dans l’Eglise et les ONG locales. L’évêque indique vouloir bien faire comprendre aux laïcs leurs responsabilités et leurs devoirs en tant que chrétiens.

Dans le diocèse de Kidapawan, Mgr Romulo Valles estime que, cette année, l’accent doit être mis, sur “le renforcement” des communautés ecclésiales de base, afin que les laïcs “s’approprient” cet outil d’approfondissement de la foi et de l’évangélisation. Kidapawan est situé sur l’île de Mindanao. Non loin de là, dans la prélature d’Isabela, Mgr Martin Jumoad prévoit de former des responsables laïcs aux méthodes de régulation naturelle des naissances. Sur l’île de Basilan, qui correspond au territoire de la prélature, l’évêque entend mettre l’accent sur la formation à la prière et sur le sens de l’Eucharistie.

Selon le vice-président de la Conférence épiscopale, Mgr Ledesma, il serait bien que tous les évêques s’investissent dans la promotion des méthodes de régulation naturelle des naissances. L’objectif est qu’ils “ne réagissent pas seulement aux actions menées par le gouvernement” en matière de contrôle de la croissance démographique.

A Mindanao, les évêques insistent sur la question de la paix. Mgr Valles souhaite ainsi que l’Eglise donne des signes plus clairs de soutien à tous ceux qui sont engagés dans les pourparlers de paix entre le gouvernement et les rebelles musulmans. Dans le diocèse de Pagadian, Mgr Emmanuel Cabajar craint que son attention, cette année, soit accaparée par le crime organisé, qu’il suspecte d’être responsable de plusieurs meurtres non élucidés. Enfin, selon le nouveau président de la Commission épiscopale pour les jeunes, Mgr Joel Baylon, évêque de Masbate, il faudra cette année trouver le moyen de toucher les jeunes qui vivent dans des régions isolées et qui “ne sont pas impliqués dans les ministères de l’Eglise”. Internet sera une voie à explorer, précise-t-il. Un projet de télévision catholique est par ailleurs à l’étude.