Eglises d'Asie

Un Vice-Premier ministre trace le portrait du fonctionnaire modèle des Affaires religieuses

Publié le 18/03/2010




Le 11 janvier dernier, le jour même où se réunissait à Hanoi le 13e plénum destiné à préparer le Xe congrès du Parti communiste qui devrait avoir lieu cette année, sans doute au mois de juin, s’ouvrait aussi dans la capitale une autre assemblée qui s’était donné pour objectif de faire le bilan du “travail religieux” accompli durant l’année 2005. Il s’agissait, bien entendu, du travail accompli dans le domaine religieux par les autorités civiles et les fonctionnaires gouvernementaux. Aucun représentant des religions en activité au Vietnam n’y était d’ailleurs invité. L’assemblée organisée par le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses était présidée par le Vice-Premier ministre Vu Khoan (1), personnage que l’on a beaucoup vu, ces temps derniers, dans les rencontres où est soulevée la question religieuse. Il s’est rendu au Vatican relativement récemment. C’est lui qui avait reçu à Hanoi le cardinal Sepe, lors de la visite de celui-ci dans ce pays en novembre et décembre derniers. La réunion quinquennale du Comité d’union du catholicisme, qui a eu lieu une semaine après la réunion organisée par les Affaires religieuses, a été également placée sous son patronage (2).

Le Vice-Premier ministre, dans son intervention, a donné le ton aux débats en décrivant moins caricaturalement que d’habitude la politique religieuse et en traçant un portrait quelquefois critique des cadres chargés de l’appliquer. Il a souligné que les spécialistes gouvernementaux de l’action religieuse devaient garder fermement les principes et donner la priorité à l’autorité de l’Etat et de la loi, mais, en même temps, devaient faire preuve de souplesse (linh hoat) dans le règlement des Affaires religieuses (3), une souplesse sachant s’adapter aux diverses cibles, aux époques différentes ainsi qu’à la nature des associations religieuses.

Parmi les éléments exigeant un traitement “en souplesse” des questions religieuses, le Vice-Premier ministre a cité la “mondialisation” des religions. Bien avant l’économie, a-t-il rappelé, le phénomène religieux est marqué par sa dimension mondiale, planétaire. On ne peut ignorer la répercussion internationale des décisions locales lorsqu’on est chargé, comme les fonctionnaires des Affaires religieuses, de la gestion de la religion. Il est probable que cette remarque a été inspirée au Vice-Premier ministre par les répercussions des mauvais rapports entre l’Etat et les communautés protestantes domestiques sur les relations du Vietnam et des Etats-Unis, qui continuent de garder le Vietnam sur la liste des pays préoccupants en matière de liberté religieuse.

La fin de son exposé a été consacrée à la nécessaire formation intellectuelle des cadres spécialisés dans l’action religieuse. Partout, a-t-il souligné, où ces derniers ont été formés et instruits de la politique et des directives officielles, la situation religieuse est paisible et sans problème. Il a reconnu relativement clairement qu’il existait chez les cadres des Affaires religieuses un certain embarras lorsqu’il faut régler concrètement les affaires. Selon lui, cet embarras est dû à l’absence de formation idéologique et de culture religieuse des responsables locaux. Les cadres, a-t-il dit, doivent en priorité s’employer aux règlements des questions fondamentales. Selon lui, les plus essentielles sont au nombre de deux aujourd’hui : les conflits au sujet des lieux de culte et propriétés des religions ; l’enregistrement des communautés religieuses qui ne le sont pas encore.

Le Vice-Premier ministre a enfin exigé du fonctionnaire des Affaires religieuses un comportement qui jusqu’à présent lui a peu souvent été demandé. Il doit respecter l’autonomie des croyants et de leurs pasteurs. Le gouvernement devrait se contenter de tenir à leur endroit un rôle de soutien, a-t-il précisé.

Le congrès chargé de dresser le bilan de l’action du service des Affaires religieuse au cours de l’année écoulée a donné dans son rapport final un certain nombre d’informations. On a ainsi appris que les autorités civiles avaient, durant cette année, donné leur approbation à la nomination de 800 dignitaires ecclésiastiques, toutes religions confondues, accepté 242 changements de postes et autorisé la construction de 220 lieux de culte.