Eglises d'Asie – Divers Horizons
Après deux tentatives infructueuses en Malaisie et en Indonésie, des réfugiés vietnamiens élèvent une stèle en Suisse à la mémoire des boat-people
Publié le 18/03/2010
La stèle en marbre noir porte en caractères de couleur claire l’inscription suivante : “En souvenir du départ de tant de “boat people” vers des rivages de ce monde. Les réfugiés vietnamiens remercient la nation suisse ainsi que les autres pays qui les ont accueillis. Nous avons le bonheur de pouvoir vivre dans un environnement pacifique, libre et démocratique. Mais le Vietnam, notre terre ancestrale restera constamment en nos cours.” Mme Elisabeth Boehler, maire de Genève, a vu dans cette stèle un moyen de faire connaître à la population locale l’histoire douloureuse vécue par ceux qui, voilà trente ans, ont été obligés de fuir leur pays.
Cette édification en Suisse, pays d’établissement définitif pour un certain nombre de réfugiés vietnamiens, d’un mémorial destiné à témoigner de leur drame, fait suite à deux tentatives similaires en deux pays qui avaient constitué des terres de premier asile, l’Indonésie et la Malaisie (2). Deux monuments y avaient été édifiés par la diaspora vietnamienne à la même époque, le 21 et le 24 mars 2005. Un premier mémorial avait été élevé par l’association “Archives des boat people” dans un ancien camp de réfugiés de l’île de Galang, en Indonésie. Un second monument avait été érigé à la mémoire des réfugiés vietnamiens de la mer sur l’île de Poulao Bidong, lieu où se trouvait un célèbre camp ayant abrité pendant une vingtaine d’années des dizaines de milliers de Vietnamiens ayant fui leur pays par la mer. Les deux mémoriaux avaient été détruits dans les mêmes conditions. Dans les deux cas, les autorités du pays ont fait abattre la stèle sous la pression du gouvernement vietnamien. Les diplomates vietnamiens ont fait valoir auprès de l’administration locale que le texte inscrit sur le monument attentait à l’honneur du Vietnam et mettait en en cause les relations entre les deux pays.
Les deux mémoriaux portaient le même texte anglais. Sur une face, on pouvait lire : “En reconnaissance pour les efforts du UNHCR, de la Croix-Rouge, du Croissant-Rouge malaisien (indonésien) et des autres organismes d’assistance du gouvernement et du peuple malaisien (indonésien) ainsi que des autres pays qui ont offert soit le premier asile soit un établissement définitif (.). Nous exprimons aussi notre gratitude pour les milliers d’individus qui ont contribué à l’aide des réfugiés vietnamiens.” Sur l’autre face de couleur noire, on pouvait lire : “En mémoire des milliers de Vietnamiens qui ont péri en recherchant la liberté (1975-1006). Qu’ils soient morts de faim ou de soif, de mauvais traitements, d’épuisement ou pour une autre cause, nous prions pour qu’ils obtiennent le repos éternel. Leur sacrifice ne sera pas oublié.”