Eglises d'Asie

Hô Chi Minh-Ville : le mouvement de grève s’étend et touche aujourd’hui des entreprises nationales ou à capitaux vietnamiens

Publié le 18/03/2010




Le mouvement de grève, entamé fin novembre dans la région de Hô Chi Minh-Ville et de Binh Duong, avait semblé se calmer aux alentours du Nouvel An lunaire. Ce n’était en réalité qu’une pause. Au cours de la première quinzaine du mois de février, pour la seule ville de Hô Chi Minh-Ville, on a compté de nombreuses grèves et plus d’une dizaine de grèves perlées. Depuis le 13 février dernier, le mouvement a pris une forme nouvelle. Contrairement aux grèves précédentes qui ne se produisaient que dans le cadre de compagnies étrangères, les actuels arrêts de travail touchent également des firmes nationales ou à capitaux 100 % vietnamiens.

Lundi 13 février, environ 15 000 ouvriers se sont mis en grève ou poursuivaient une grève perlée pour réclamer une hausse de salaire et une amélioration de leurs conditions de travail. Beaucoup des entreprises touchées sont propriété de l’Etat vietnamien ou alimentées par des capitaux vietnamiens. Le mouvement de grève bénéficie d’une participation particulièrement importante dans certaines usines vietnamiennes de production de chaussures. De nombreux employés ont cessé le travail dans l’usine de Huê Phong, située dans l’arrondissement de Go Vâp, dans les ateliers de production de la compagnie Gia Dinh, implantés à Thu Duc, ainsi que dans les lieux de travail de la firme Vinh Hông Phong, dans le district de Binh Chanh. Cette forte proportion d’employés d’usines vietnamiennes venant ainsi revendiquer des salaires et des conditions de travail plus décents semble démentir les jugements de certains observateurs, considérant ces grèves comme les éléments d’une stratégie politique dirigée contre certains pays étrangers ou au service d’intérêts de groupes de pression. Il faut noter toutefois que le mouvement continue d’affecter certaines usines à capitaux étrangers, comme par exemple la multinationale Theodore Alexander, spécialisée dans la production de fausses antiquités, ou encore l’usine de produits pharmaceutiques Perfect Vietnam, à capitaux taïwanais.

Un ouvrier employé de la firme Gia Dinh, interrogé par Radio Free Asia, a déclaré que les ouvriers en grève réclamaient un ajustement de leurs salaires conformes aux récentes décisions gouvernementales à ce sujet (1) et une amélioration de certaines conditions de travail. Il ajoutait que des instances gouvernementales étaient en train de négocier une solution, mais que, pour le moment, l’état des négociations ne permettait pas encore la reprise du travail qui, à l’heure actuelle, s’annonce lointaine.

Les grèves de décembre et de janvier derniers ont eu d’autres conséquences qui inquiètent sérieusement les patrons des entreprises touchées. Il est traditionnel qu’un certain nombre d’ouvriers profitent des vacances du Nouvel An pour abandonner leur travail, pour des raisons de nouvelles embauches ou de convenances personnelles. Selon la presse de Saigon, cette année, le nombre des travailleurs à ne pas revenir à leurs anciens postes dans les entreprises à capitaux étrangers a été particulièrement important. Les médias vietnamiens voient dans ce phénomène un signe de la baisse du pouvoir d’attraction des entreprises étrangères sur la main-d’ouvre locale. Certains journaux comme Tiên Phong pensent que la multiplication des entreprises étrangères donne maintenant un certain choix aux ouvriers qui recherchent ailleurs un meilleur salaire.