Eglises d'Asie

Le mouvement de grèves a gagné le nord du Vietnam et semble embarrasser les autorités

Publié le 18/03/2010




Le mouvement de grèves qui, depuis la fin du mois de novembre 2005, touchait uniquement les firmes à capitaux étrangers de Hô Chi Minh-Ville et de la province de Binh Duong s’est maintenant étendu bien au delà de ces premières limites. Il affecte aujourd’hui un certain nombre d’entreprises à investissements purement vietnamiens et a gagné la main-d’ouvre du nord du pays.

En effet, on a appris de l’agence électronique VNexpress que, le 17 février dernier, 4 000 travailleurs (1) de la société jaune avaient arrêté le travail, exigeant un réajustement de leur salaire, conformément aux indications de l’arrêté N°3 signé le 5 janvier par le Premier ministre et concernant la main d’ouvre des entreprises à investissement étranger (2). Comme l’a expliqué un employé de jaune interrogé par l’agence VNexpress, le salaire actuel est de 400 000 dôngs (environ 20 euros). S’appuyant sur les dispositions de l’arrêté, les ouvriers réclament un salaire minimum de 710 000 dôngs. D’après les médias officiels, une proposition d’augmenter de 80 000 dôngs le salaire mensuel aurait été faite par le directeur de jaune aux travailleurs en grève. Ceux-ci ne les auraient pas accepté. Par ailleurs, un responsable officiel de la politique du travail pour la ville de Hai Phong a fait remarquer que le décret du 5 janvier ne s’appliquait pas à l’entreprise en grève dont les capitaux sont totalement vietnamiens. Cette affirmation a été aussitôt contestée par les ouvriers vietnamiens qui affirment qu’il s’agissait en réalité de capitaux taiwanais camouflés afin de maintenir de bas salaires et d’augmenter les profits. Au cinquième jour de grève, les négociations n’avaient pas encore abouti tandis qu’un millier d’employés d’annexes provinciales de la compagnie étaient venus se joindre au mouvement de grève.

Au sud, le mouvement n’a pas cessé, même s’il est moins important qu’au début du mois de janvier, époque à laquelle la main-d’ouvre de plus de six cents entreprises avait débrayé en même temps. Les grèves les plus récentes ont éclaté dans l’après-midi du 23 février. Les 1 500 ouvriers d’une entreprise de chaussures de la société Dê Vuong situé dans le district de Bên Luc, province de Long An, ont arrêté le travail demandant une hausse de salaire et une diminution des heures de travail. Deux jours plus tard, 150 d’entre eux étaient revenus au travail estimant que leurs revendications avaient été satisfaites. Selon le journal Thanh Niên, ce sont 19 000 travailleurs appartenant à cinq entreprises différentes qui se sont mis en grève le 24 février dernier. D’autres grèves de moindre envergure avaient eu lieu les jours précédents en divers arrondissements de Hô Chi Minh-Ville.

A part le mécontentement compréhensible des intéressés face à leurs bas salaires, il reste difficile pour les observateurs de trouver une explication plausible à ce mouvement dont la durée vient de dépasser trois mois. La spontanéité de ces arrêts de travail fait moins de doute qu’au début et il semble bien que les organisations ouvrières, entre les mains du Parti communiste, n’en ont pas l’initiative. Une délégation de travailleurs du Quang Nam, de Hô Chi Minh-Ville et du Dông Nai aurait même ouvertement accusé les syndicats d’être un instrument d’oppression des ouvriers. Cependant, le mystère reste entier au sujet du comportement des autorités vis-à-vis de ce mouvement. Y consentent-elles ou le subissent-elles ?