Eglises d'Asie

Le projet de rapport politique pour le dixième Congrès du Parti n’apporte aucune innovation à la politique religieuse officielle

Publié le 18/03/2010




Malgré les nombreuses réactions et controverses qui ont accompagné, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, sa récente publication par le Nhân Dân (1), le projet de rapport politique destiné à être soumis à l’approbation du prochain Xe Congrès du Parti ne comporte guère de changements marquants, ni en matière de développement économique où l’économie de marché à orientation socialiste reste la ligne directrice, ni en matière politique où le rôle dirigeant du Parti est toujours la pièce maîtresse. Il en est de même en ce qui concerne la religion. En plusieurs endroits, les religions sont citées comme des composantes de la “Grande Union du Peuple tout entier”. C’est encore dans cette perspective que le rapport comporte un paragraphe particulier, comme cela a été le cas jusqu’ici pour tous les autres congrès, sauf le huitième.

On est très étonné de la banalité du ton et de l’absence absolue de références aux inflexions subies, ces temps derniers, par la politique religieuse du Parti et du gouvernement vietnamiens sous l’influence des pressions extérieures. On y trouve en effet aucune allusion aux directives de la récente “Ordonnance sur la croyance et la religion entrée en vigueur en novembre 2004, pas plus qu’à celles du Premier ministre au mois de février 2005, visant à favoriser la normalisation des Eglises domestiques. Après avoir souligné que “les compatriotes croyants constituent une importante composante de la grande union nationale le texte reprend pesamment les vieilles affirmations sans cesse répétées selon lesquelles “il importe de mettre en ouvre d’une façon suivie la politique de respect de la religion et de garantir aux citoyens la liberté de croire, de suivre ou de ne pas suivre une religion, le droit de mener des activités religieuses ordinaires conformément à la loi”. Les dirigeants vietnamiens se sont toujours affirmés les garants de la coexistence des diverses religions et de leur intégration au sein de la nation. Ils le soulignent encore dans ce rapport en affirmant qu’«il faut unir entre eux les croyants des diverses religions, les croyants et les non-croyants”.

Depuis 1990, l’ancienne doctrine du dépérissement inévitable de la religion a été remplacée par une nouvelle appréciation du phénomène religieux qui attribue même à celui-ci une valeur morale. Ce côté positif n’a pas été oublié par le présent rapport qui conseille aux croyants de développer les aspects culturels et moraux de leur religion et souhaite voir s’harmoniser chez eux le profane et le sacré. En retour, les communautés de croyants pourront bénéficier de programmes de développement économique et social, ainsi que d’une amélioration de leur niveau de vie.

La dernière partie du texte rappelle aux croyants et à leur clergé les nombreux devoirs qui sont les leurs. Les Eglises ne sont protégées par la loi que dans la mesure où elles mènent des activités légales. Il leur est rappelé que les autorités s’efforcent de faire obstacle aux activités relevant de la superstition ou utilisant la religion au détriment du bien commun.

En traitant ainsi explicitement le problème religieux, le rapport du Xe Congrès reprend une tradition. Chacun des rapports antérieurs, sauf celui du huitième congrès, lui avait consacré au moins un paragraphe. Les rapports des IVe (1976), Ve (1981) et VIe congrès (1986) s’étaient, il est vrai, quelque peu répétés sur ce thème. Mais celui du VIIe Congrès (1991) avait marqué un très grand changement à ce sujet (2). On y parlait de la croyance et de la religion comme d’une constante quasi-permanente de la mentalité populaire : “Les croyances et les religions constituent le besoin spirituel d’une grande partie du peuple, besoin qui subsistera encore longtemps.” Cette appréciation, qui fait partie aujourd’hui de la doctrine officielle, n’est pas reprise dans ce rapport qui n’a pas non plus tenu compte des récents développements de la politique religieuse, surtout à l’égard des protestants. Le texte destiné au Xe congrès se contente de répéter, à propos de la religion, les mêmes banalités que l’on pouvait trouver dans les rapports des congrès ayant précédé le VIIe.