Eglises d'Asie – Indonésie
Un hommage posthume a été rendu à un jésuite néerlandais pour sa contribution à l’étude de la langue et de la littérature javanaises anciennes
Publié le 18/03/2010
Ils étaient près de 150 personnes, collègues, amis et étudiants du P. Zoetmulder, à participer à ce symposium commémorant le centenaire de sa naissance. C’est le Centre de l’université Sanata Dharma pour l’étude de la langue indonésienne, de sa littérature et de sa culture et son Programme d’études culturelles et religieuses qui en avaient été les organisateurs. Le P. Swantoro a fait un exposé sur le Dictionnaire ancien javanais-anglais, le plus connu des ouvrages du jésuite. Un dictionnaire qui comprend 25 500 entrées, fruit de trente ans de travail, a expliqué Swantoro, ancien rédacteur en chef adjoint de Kompas, quotidien de langue indonésienne édité à Djakarta et propriété de catholiques. La publication en 1982 du dictionnaire avait valu au P. Zoetmulder plusieurs prix décernés par les gouvernements néerlandais et indonésien, a-t-il souligné, ajoutant : « Pourtant, je suis certain que Romo Zoet ne s’attendait pas à recevoir ces prix. Tous ses travaux ont été le fruit de sa ‘contemplation dans l’action’ et du don de Dieu, source de sa force. »
Une autre intervenante, Fransiska Tjandrasih Adji, de l’université Sanata Dharma, a décrit le P. Zoetmulder comme un expert incontournable de la langue et de la littérature javanaises anciennes dont les études savantes sont devenues des livres de référence. Elle a cité entre autre une grammaire de la langue javanaise ancienne, les traduction d’un chapitre en sanscrit de l’épopée du Mahâbhârata, de textes en javanais ancien d’une autre épopée indienne, le Ramayana, et d’une version indonésienne du Mahâbhârata, appelée Udyogaparva, et plusieurs autres essais sur le javanais ancien à partir de manuscrits, des études sur des poètes en ancien javanais comme Yogi et Kawi et enfin le Kalangwan, une étude sur la littérature javanaise ancienne. Cette littérature javanaise ancienne se situe entre le VIIIe et le XIIe siècle. Environ 25 % du vocabulaire utilisé par cette littérature venaient du sanscrit. Aujourd’hui, le javanais s’écrit en alphabet latin, introduit par les colons hollandais au XIXe siècle, et l’écriture javanaise traditionnelle n’est utilisée que pas des lettrés ou à titre décoratif.
Edi Sedyawati, ex-directrice générale du ministère indonésien de l’Education et de la Culture, a déclaré pour sa part reconnaître en la personne du P. Zoetmulder un authentique savant qui a ouvert de nouvelles voies pour aider à mieux comprendre l’histoire de la culture indonésienne. « Romo Zoet est réellement un modèle pour tous les chercheurs. Il a beaucoup travaillé, avec minutie et excellence au cours de toutes ses recherches a dit Edi Sedyawati, aujourd’hui maître de conférence à l’Université d’Indonésie à Djakarta. « Jusqu’à maintenant, aucun chercheur n’a atteint une telle étendue dans ses recherches a-t-elle ajouté, précisant que faire encore mieux est un défi « pour nous qui sommes dépositaires de ce grand héritage ».
Maria Goretti Rini, une paroissienne de Yogyakarta, s’est souvenu du P. Zoetmulder en disant simplement qu’il était un prêtre humble et avenant : « Romo Zoet parlait généralement krama avec nous, et quelquefois ngoko, mais toujours très poliment. » Le krama est le javanais utilisé pour s’adresser à des supérieurs, à des étrangers ou en certaines occasions protocolaires, tandis que le ngoko est la langue ordinaire.