Eglises d'Asie

Un religieux bouddhiste de haut rang est arrêté à la gare de Hô Chi Minh-Ville alors qu’il se préparait à rendre visite à son supérieur hiérarchique

Publié le 18/03/2010




Le 16 février dernier, le vénérable Thich Quang Dô, second personnage dans la hiérarchie du bouddhisme unifié, a été arrêté pendant quelques heures par la police dans les locaux de la sécurité de la gare de Hô Chi Minh-Ville. Accompagné d’un groupe de onze religieux de haut rang, il s’était rendu à la station de chemin de fer avec l’intention de prendre le train à destination du Binh Dinh, où il souhaitait rendre visite à son supérieur direct, le patriarche Thich Huyên Quang, et lui présenter ses voux de Nouvel An. A leur arrivée à la gare, aux alentours de 6 h 30, les religieux se sont heurtés à une centaine de policiers en uniforme et en civil, qui les attendaient, déjà au courant de leurs intentions. Après une courte bousculade, le vénérable Thich Quang Dô était appréhendé et transporté à bout de bras – “comme une bête a souligné le religieux – dans un local isolé de la gare. A sept heures, le train démarrait vers sa destination sans qu’un seul religieux y soit monté.

Quelque temps plus tard, une quarantaine de religieux de la ville sont venus se joindre au groupe des accompagnateurs, et ont décidé de rester assis sur le sol de la cour de la gare jusqu’à la libération de leur confrère. Une partie de la foule se trouvant dans l’enceinte de gare a spontanément participé à la protestation des religieux. Ce n’est que tard dans la nuit que la manifestation s’est achevée, lorsque les protestataires ont appris que le religieux arrêté avait été reconduit à son monastère de Thanh Minh Thiên.

Dans une déclaration, rapportée par le Bureau international d’informations bouddhistes (1), le religieux arrêté a dit que, lors de séjour dans les locaux de la Sécurité, les policiers ont prétendu qu’il ne s’agissait pas d’une arrestation mais d’une vérification du billet de train, qui ne convenait pas. Refusant de répondre à leur interlocuteur qui les pressait de donner les vraies raisons de leur comportement, les agents de la Sécurité l’ont alors transporté, de nouveau à bout de bras, jusque dans la voiture qui l’a reconduit à son monastère.

Aussitôt après les faits, les responsables des principales délégations du bouddhisme unifié en province et à l’étranger ont envoyé des lettres de protestation au gouvernement. Pour sa part, le vénérable Thich Quang Dô a déclaré que l’attitude de la police à son égard ne l’étonnait pas. Il y a trente années qu’elle se répète. Déjà, en octobre 2003, le religieux accompagné d’une délégation de religieux avait été interpellé de manière analogue. A cette époque, après une période où le pouvoir avait semblé vouloir se rapprocher du bouddhisme unifié, il avait ensuite opéré un revirement spectaculaire. Après s’être opposées par différents moyens, mais sans résultat, à la tenue d’une assemblée extraordinaire de divers membres responsables du bouddhisme unifié dans la pagode Nguyên Thiêu, au Binh Dinh, où réside le patriarche Thich Huyên Quang (1), les autorités policières avaient arrêté un certain nombre de religieux à Luong Son, près de Nha Trang, lors de leur retour vers Hô Chi Minh-Ville. C’est depuis cette date, le 9 octobre 2003, que les deux plus hauts dignitaires du bouddhisme unifié sont, chacun de leur côté, soigneusement gardés en résidence surveillée.