Eglises d'Asie

Le 3 mars dernier, les habitants de Guinsaugon se sont rassemblés sur les lieux du village englouti par une coulée de boue, afin de rendre un dernier hommage aux victimes

Publié le 18/03/2010




Le 3 mars dernier, une foule, composée essentiellement de personnes ayant survécu à la catastrophe de Guinsaugon, s’est rassemblée afin de rendre un dernier hommage au millier de personnes portées disparues, après la coulée de boue qui a englouti le village sur l’île de Leyte, à 700 km. au sud-est de Manille, le 17 février dernier.

Pendant les jours qui ont suivi la catastrophe, des volontaires philippins et étrangers ont tenté de dégager des survivants ou de favoriser l’identification des corps. Sur le millier de personnes portées disparues, on compte 248 écoliers ainsi que les instituteurs de l’école du village, qui aujourd’hui n’existe plus, le bâtiment ayant été emporté par la coulée de boue.

Le 3 mars, tôt dans la matinée, quelque 3 000 personnes se sont rassemblées près de la rivière. Les autorités locales ont planté une croix de 6 mètres de haut au point culminant surplombant le lieu de la catastrophe ; elles avaient aussi installé un autel pour la messe qui a été présidée par Mgr Precioso Cantillas, évêque de Maasin, diocèse situé dans le sud de la province de Leyte.

Pendant la messe célébrée en hommage aux victimes, Mgr Precioso Cantillas a appelé les fidèles à ne pas accuser Dieu de cette catastrophe, mais à tenir ferme dans la foi en continuant à croire en “la sagesse infinie de Dieu Les villageois ont ensuite offert des fleurs et allumé des bougies en mémoire de leurs proches disparus. Durant la célébration, les lamentations qui accompagnent traditionnellement les obsèques aux Philippines avaient fait place à un profond et émouvant silence.

Le gouverneur de la province de Leyte-Sud, Rosette Lerias, a ensuite prononcé un discours, indiquant qu’avec cette tragédie, les Philippins avaient reçu “une leçon d’humilité : ni la richesse, ni la célébrité n’ont d’importance dans ce genre de catastrophe. Nous avons appris à remettre nos vies dans les mains de Dieu”. Le gouverneur a ensuite invité la population à accepter la situation : “Nous avons fait tout ce que nous pouvions. A présent, nous devons être forts et ainsi nous vaincrons.” Une cérémonie officielle a ensuite été organisée en hommage aux victimes de la catastrophe, et des associations ayant travaillé auprès de la population locale ont reçu les honneurs des autorités civiles.

La foule s’est de nouveau rassemblée lorsqu’un prêtre est monté à bord d’un hélicoptère pour survoler les lieux de la catastrophe et l’asperger d’eau bénite. Des fleurs ont également été envoyées de deux hélicoptères, pendant que la foule, en pleurs, et la chorale entamaient des hymnes à l’amour de Dieu et à l’espérance éternelle. Avant de se séparer et de retourner dans les camps de réfugiés, des villageois, accompagnés de religieuses, ont traversé la rivière pour passer un dernier moment auprès de leurs défunts. Selon une radio locale, les autorités locales auraient prévu que les 300 hectares du site de Guinsaugon soient aménagés en un vaste mémorial.

D’après le quotidien The Philippine Star du 20 février dernier, les autorités auraient dû prévoir la catastrophe et faire évacuer la population car “les montagnes qui entourent la vallée où se trouve Guinsaugon ont subi une déforestation intensive depuis plusieurs dizaines d’années, alors que la région reçoit une quantité importante de précipitations. Des spécialistes avaient déjà prévenu les autorités des dangers encourus, mais leurs recommandations ont été ignorées, et en voici les conséquences”. Le journal de Manille demandait également la création d’un système de prévention similaire à celui qui a été mis en place pour prévenir les risques liés aux éruptions volcaniques.