Eglises d'Asie

L’Eglise catholique se félicite de la décision du gouvernement d’envisager la suppression de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Par un communiqué en date du 25 février dernier, Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque d’Incheon et président de la Commission épiscopale ‘Justice et paix’, a qualifié de « grand tournant » la décision du gouvernement d’étudier une éventuelle suppression de la peine de mort. Considérant le fait que le gouvernement avait toujours jusqu’ici refusé de suivre les appels des organisations religieuses et des ONG à abolir la peine capitale, Mgr Boniface Choi a déclaré que l’Eglise catholique soutenait pleinement et saluait la décision gouvernementale, annoncée quatre jours auparavant par le ministère de la Justice (1).

C’est par le biais d’un rapport sur les plans à long terme du gouvernement pour améliorer la situation des droits de l’homme dans le système pénal et carcéral que le ministère a rendu publique l’information. Une des hypothèses de travail concerne en effet l’étude de l’abolition de la peine de mort. On peut notamment y lire la phrase suivante : « Nous reconnaissons International a sélectionné la Corée du Sud comme ‘pays-cible’ pour l’abolition de la peine capitale. C’est pourquoi nous avons décidé de mener (.) une étude en profondeur sur la peine de mort. » Depuis plusieurs années, l’organisation de défense des droits de l’homme mène des actions en Corée du Sud pour obtenir l’abolition de la peine de mort.

Le ministère de la Justice a précisé que les études qui seront prochainement menées concerneront l’impact de la peine de mort sur la société et son effet dissuasif supposé, en scrutant les comportements criminels dans les pays où le châtiment suprême a été aboli. Il a aussi été précisé que sera étudiée la possibilité d’introduire dans le Code pénal une peine incompressible de prison à vie, en substitut à la peine de mort. Si ces différentes études concluent à la possibilité d’abolir la peine de mort, le ministère agira en ce sens auprès de l’Assemblée nationale, où un projet de loi abolitionniste a été déposé en 2004 (2).

Pour Mgr Boniface Choi, l’ouverture manifestée par le ministère de la Justice peut aider l’opinion publique – qui, selon les sondages, n’est pas abolitionniste – à « comprendre la dignité fondamentale de la vie humaine une valeur sans cesse défendue par l’Eglise. Selon le P. John Lee Ki-woo, secrétaire de la commission épiscopale, le projet de loi de 2004 a désormais de meilleures chances d’être adopté et une majorité à la Chambre semble se dessiner en faveur de l’abolition. Toutefois, il faudra que le texte passe d’abord devant la Commission des lois, une étape obligatoire selon la procédure législative et pour laquelle aucun calendrier n’a été fixé.

Afin de manifester à nouveau publiquement la position de l’Eglise sur le sujet, Mgr Boniface Choi a ajouté, lors d’une conférence de presse tenue à Séoul le 6 mars dernier, qu’au nom de la Conférence des évêques, une pétition allait être prochainement remise à l’Assemblée nationale. Signée des vingt-deux évêques de l’Eglise de Corée et de 118 561 catholiques, elle appelle à l’abolition de la peine de mort. « Il est temps de montrer que la Corée du Sud est une nation développée en ce qui concerne les droits de l’homme a déclaré Mgr Boniface Choi.

Depuis 1948, date de l’établissement de la Corée du Sud, neuf cents personnes ont été exécutées dans le pays, rapporte la presse locale. Les dernières exécutions remontent au 23 décembre 1997, jour où furent mis à mort vingt-trois condamnés. Les prisons sud-coréennes renferment actuellement 63 condamnés. La peine de mort est administrée par pendaison.