Eglises d'Asie

Les sites Internet paroissiaux rencontrent un certain désintérêt auprès des internautes, notamment chez les jeunes

Publié le 18/03/2010




Selon un article du 19 février dernier du Catholic Times, publié par l’archidiocèse de Taegu, 541 paroisses catholiques, soit un gros tiers des paroisses de tout le pays, se sont dotées d’un site Internet. Cette proportion, relativement élevée, ne doit cependant pas masquer le fait qu’une bonne partie de ces sites sont peu ou pas actifs, les paroisses ne faisant pas l’effort de les mettre à jour régulièrement, ce qui montre, analyse le journal, qu'”en règle générale, les paroisses n’ont pas intégré l’utilisation d’Internet dans leur ministère pastoral”.

Le plus souvent, le site Internet d’une paroisse donne des informations telles qu’une courte introduction présentant la paroisse, les horaires de messe et le bulletin paroissial. Rares sont les sites offrant un contenu interactif ou suffisamment élaboré pour attirer les jeunes, qui constituent une bonne part des internautes. Dans une paroisse d’Incheon, le responsable du site Internet confirme cette analyse. Matthew Lee Myoung-rok gère une PME et consacre – bénévolement – trois heures de son temps quotidien au site de sa paroisse. Il a bien tenté diverses initiatives pour le rendre plus attractif, mais il se déclare déçu par le peu de résultats. Dans sa paroisse, où 4 300 catholiques sont inscrits sur les registres et où 1 500 sont pratiquants, le site attire en moyenne de 40 à 50 visiteurs par jour. A ce rythme, explique Matthew Lee, les responsables de la paroisse s’interrogent sur l’opportunité de maintenir le site. Il ajoute qu’il a bien tenté de persuader le curé d’utiliser Internet comme un outil de sa pastorale, mais “mes suggestions ne sont pas écoutées”.

Selon Vincent Song Jae-woo, administrateur du site Internet d’une paroisse de Séoul, il est indéniable que les sites Internet paroissiaux souffrent d’une certaine désaffection, mais, selon lui, la raison en est que “ceux qui fréquentent le plus Internet, les générations âgées de 10 à 30 ans, sont celles qui participent le moins aux activités de l’Eglise et ce fait a naturellement un impact sur les sites paroissiaux”. L’analyse est partagée par le P. Ignatius Kim Min-soo, secrétaire de la Commission pour les communications sociales de la Conférence des évêques. Etant donné le niveau, élevé, d’utilisation d’Internet dans le pays, la fréquentation des pages Internet paroissiales est faible. “Ce qui se passe online reflète les réalités offline de l’Eglise” où, localement, ce sont principalement les catholiques âgés de 40 ans et plus qui sont impliqués dans les activités ecclésiales. Il y a bien des jeunes catholiques présents à l’église et dans les activités proposées par les paroisses, mais ces jeunes, lorsqu’ils sont sur Internet, fréquentent des sites autres que celui de leur paroisse, qu’ils trouvent, le plus souvent, “rasoir explique le P. Ignatius Kim. Le problème est donc double, poursuit-il : d’une part, les paroisses peinent à attirer à elle les jeunes catholiques et, d’autre part, le contenu des sites Internet est inadapté car trop peu attrayant au goût des jeunes.

Pour le P. Patrick Joo Ho-sik, directeur du Centre catholique Internet de l’archidiocèse de Séoul, la question se pose de la survie des sites paroissiaux. “Les paroisses n’ont, le plus souvent, pas les capacités, en termes financiers ainsi qu’en termes de ressources humaines et techniques, de proposer aux jeunes catholiques ce qu’ils cherchent sur Internet analyse-t-il. Pourtant, des solutions existent et des sites Internet catholiques se montrent capables d’attirer à eux un public jeune. Ainsi, le site mis en place par l’archidiocèse de Séoul, “Bonne Nouvelle est visité quotidiennement par plus de 100 000 jeunes internautes. Bien que géré par Séoul, il “s’adresse aux catholiques de tout le pays précise le prêtre. Il offre diverses rubriques, directement utilisables par les internautes ainsi que par les personnes en responsabilité ecclésiale.

Agée de 25 ans, Elisabeth Lee, catéchiste dans sa paroisse, à Séoul, témoigne ainsi du fait qu’elle ne fréquente pas le site de sa paroisse. “Il n’est pas mis à jour régulièrement et n’est pas bien riche sur un plan informatif explique-t-elle. Lorsqu’elle a voulu mettre en réseau tous les catéchistes de sa paroisse, cela n’a pas été possible via le site paroissial. Pour cela, elle est allée sur le site Bonne Nouvelle et y a trouvé des rubriques où communiquer et échanger avec d’autres catéchistes. Selon certaines études, Bonne Nouvelle (www.catholic.or.kr) est l’un des sites les plus fréquentés du pays (1).

La Corée du Sud est un des pays où le taux de connections à Internet est l’un des plus élevés au monde. Selon le ministère de l’Information et de la Communication, au 31 décembre 2005, 72,8 % des 48 millions de Sud-Coréens utilisent Internet et sont connectés en moyenne 13,3 heures par semaine. Pour la tranche d’âge des 6-19 ans, le pourcentage monte à 97,8 %. Il est de 97,9 % pour les 20-29 ans, de 91 % pour les 30-39 ans, de 68,7 % pour les 40-49 ans et tombe à 35,7 % pour les 50-59 ans.