Eglises d'Asie

Malgré certaines améliorations, la situation des Eglises domestiques de Hô Chi Minh-Ville n’est toujours pas “normalisée”

Publié le 18/03/2010




Comme le fait remarquer, le dernier rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme pour l’année 2005 (1), le sort des Eglises dites “domestiques” au Vietnam s’est légèrement amélioré au cours de l’année, notamment du fait des dernières directives gouvernementales, à savoir l’Ordonnance sur la croyance et la religion, mise en vigueur en novembre 2004 et les directives du Premier ministre concernant le protestantisme du mois de février de l’année suivante. Cependant, souligne le rapport, la situation reste encore préoccupante à de nombreux égards. Ces constatations ne concernent pas seulement les hauts plateaux du centre ou les hautes régions frontalières du nord-est, puisque l’on peut les vérifier à Hô Chi Minh-Ville.

Parmi les améliorations apportées aux Eglises domestiques, on peut compter un certain nombre de libérations. La dernière est celle du missionnaire de l’Eglise mennonite Pham Ngoc Thach, rendu à la liberté le 3 mars 2006. Il était l’adjoint direct du responsable de cette Eglise, le pasteur Nguyên Hông Quang, qui avait été arrêté avec lui et cinq autres membres de l’Eglise, en mars 2004. Lors du procès qui avait suivi le 12 novembre 2004, il avait été condamné à deux ans de prison pour s’être opposé à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, une peine maintenue en appel. Le pasteur Nguyên Hông Quang, condamné pour le même motif à une peine plus lourde de trois ans, avait été libéré au mois d’août 2005

Le missionnaire était le dernier membre de l’Eglise mennonite à être emprisonné. Selon les déclarations faites par lui à la délégation de fidèles venus l’accueillir à sa sortie du camp Z 304 de Xuân Lôc (2), il a fréquemment changé de lieu d’internement et a subi un traitement plus sévère que la moyenne des prisonniers pour avoir refusé de reconnaître la légitimité de l’accusation portée contre lui.

Cependant, ces récentes libérations n’ont, semble-t-il, pas amélioré les conditions de la vie religieuse des fidèles mennonites. C’est, du moins, ce qu’affirme son principal responsable, le pasteur Quang (3), qui, dans une interview récente, souligne que les activités religieuses des 30 000 fidèles de l’Eglise mennonite rencontrent toujours autant de difficultés de la part des autorités locales, qui considèrent ces derniers comme “des personnes vivant dans l’illégalité et semant le trouble”. Le pasteur ignore si cette attitude à l’égard de son Eglise est dictée par le pouvoir central ou doit être attribuée seulement aux autorités locales.

Une autre affaire touchant une Eglise domestique de Hô Chi Minh-Ville a été rapportée par les médias à la fin du mois de février (4). Le dimanche 28 février, un groupe de fidèles s’était rassemblé pour un office présidé par le pasteur Ngô Hoai No, dans une église du 2e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville appartenant à l’Alliance missionnaire évangélique (5). En pleine célébration, des policiers, conduits par le vice-président du Comité populaire local, se sont introduits dans le lieu du culte. Après avoir vérifié l’identité des participants, ils ont dispersé l’assemblée. Dans la bousculade qui s’est alors produite, quelques-uns des fidèles ont été légèrement blessés. Le pasteur a été contraint de signer un compte-rendu dans lequel il reconnaissait avoir organisé une célébration liturgique illégale et avoir ainsi troublé l’ordre public.