Eglises d'Asie – Vietnam
Malgré les efforts du pouvoir civil pour le marginaliser, le bouddhisme unifié étend et renforce l’organisation de son Eglise
Publié le 18/03/2010
C’est ainsi qu’une religieuse bouddhiste, Thich Nu Thông Mân a été chassée de son monastère de Dich Quang parce qu’elle était membre de la délégation du bouddhisme unifié pour la province de Khanh Hoa, fondée au mois d’août dernier. Dès le mois suivant, les autorités civiles, parmi lesquelles la police, le bureau des affaires religieuses et d’autres services, informèrent la délégation qu’elle n’avait pas lieu d’être et qu’elle devait être dissoute. Le 9 décembre, le Bureau des Affaires religieuses organisait une réunion à laquelle participaient une centaine de personnes ayant reçu auparavant une rémunération. Le bouddhisme unifié y fut calomnié, la religieuse membre de la délégation mise en accusation et la délégation sommée de disparaître. Par l’intermédiaire de bouddhistes de l’Eglise bouddhiste patronnée par l’Etat, les autorités firent peser une pression particulière sur la religieuse. Tout récemment, celle-ci recevait l’ordre de quitter la pagode de Dich Quang où, depuis dix ans, elle menait sa vie religieuse. Tous ces faits ont été exposés dans une lettre envoyée par le vénérable Thich Viên Dinh, de l’Institut pour la propagation du Dharma, au Premier ministre (2).
Dans un certain nombre de textes récents, les autorités vietnamiennes qualifient d’illégales les délégations nouvellement fondées par le bouddhisme unifié sous le prétexte que leur existence serait en contradiction avec la charte de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, créée sous le patronage de l’Etat en 1981. Les responsables de l’Eglise persécutée répliquent que la constitution de l’Eglise bouddhiste du Vietnam n’est qu’une création du Bureau des Affaires religieuses et du Front patriotique. Un document récemment publié en France fait état d’une déclaration d’un religieux, dont le nom figure dans la liste des membres du Comité de rédaction de la dite constitution en 1981. Le religieux atteste que le texte avait été entièrement l’ouvre des instances civiles (Bureau des Affaires religieuses et Front patriotique). Le nom du religieux n’avait été ajouté que plus tard pour lui donner une caution religieuse (3).