Eglises d'Asie

Mindanao : des évêques et des prêtres catholiques réfléchissent aux moyens de faire prévaloir la vérité et la justice

Publié le 18/03/2010




Ils étaient près de 450 prêtres à se réunir pour réfléchir ensemble aux moyens de faire triompher la vérité dans leur travail de prêtres diocésains au sud des Philippines et comment obtenir justice pour les agriculteurs de leurs communautés. Prêtres depuis 18 jours ou 49 ans, venus de toute l’île de Mindanao, ils étaient réunis à Surigao, du 20 au 23 février derniers, pour la rencontre annuelle du “Clergé diocésain de Mindanao” (DCM). Treize évêques les avaient rejoints au Palais des congrès de la province de Surigao del Norte, autour de Mgr Angel Lagdameo, archevêque de Jaro, diocèse du centre du pays, et président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP).

Mgr Lagdameo avait tiré du message pour la “Journée mondiale de la Paix” du pape Benoît XVI : “Dans la vérité, la paix le thème de cette rencontre : “DCM et la recherche de la vérité Il voulait ainsi souligner que la vérité est l’élément vital pour une vraie paix, à la suite du pape affirmant que la vérité, fondée sur “la Parole de Dieu, peut créer une sensibilité à la justice et une ouverture à la charité et à la solidarité, tout en encourageant chacun à travailler pour la vraie liberté et l’harmonie de la famille humaine”. L’archevêque philippin a aussi mis en garde contre les “demi vérités affirmant qu’elles conduisaient aux fausses libertés et aux fausses valeurs.

Le président de la DCM, Mgr Elmer Abacahin, a expliqué que la précédente rencontre avait choisi ce thème un peu avant que la CBCP publie, le 10 juillet 2005, sa déclaration à propos de la crise politique vécue sous la présidence Arroyo. La déclaration de la CBCP était intitulée : “Restaurer la vérité : un appel aux valeurs morales en politique et, selon le prélat, avait aidé les organisateurs de la rencontre à confirmer le thème de cette année.

Un des participants, le P. Reynaldo Enriquez, 38 ans, prêtre de la prélature territoriale d’Isabela, sur l’île de Basilan, à proximité de l’île de Mindanao, a expliqué que ce qu’avait dit Mgr Lagdameo sur les “demi vérités” l’avait beaucoup frappé. “Souvent, nous les prêtres, nous recourrons à des demi vérités pour n’offenser personne reconnaissait-il.

Le P. Wayne Ycalina, du diocèse de Dipolog, quant à lui, a dit sa conviction de voir les laïcs et les prêtres chercher ensemble la vérité : “La vérité que nous recherchons concerne les vérités politiques ou religieuses. Il nous faut chercher pourquoi la vérité, elle-même, dépend de Dieu.” Le P. Ycalina, qui exerce son ministère dans la ville de Gutalac (province de Zamboanga del Norte, dans l’ouest de Mindanao), a précisé que, chez lui, les gens ne sont pas concernés par les problèmes qui se posent à Manille mais par ceux de leur vie de tous les jours. Dans sa paroisse de St Isidore, ce qui préoccupe les gens, ce sont les activités de l’industrie minière. Selon lui, “un des devoirs de son ministère est de dire la vérité au sujet de ces mines notamment le fait que “les politiciens, spécialement ceux qui ont le pouvoir, sont responsables de la destruction de notre environnement” (1

Par ailleurs, le P. Ycalina a affirmé “appuyer pleinement” les efforts faits pour obtenir à l’amiable une décision à propos de l’argent des taxes sur les noix de coco prélevées entre 1973 et 1982. Ces fonds, jamais distribués, pourraient être utilisés pour améliorer la situation des agriculteurs. Donner des informations à ce sujet est “réellement important” pour les gens, a-t-il expliqué. D’après la Philippine Coconut Authority, un gros tiers des 3,5 millions de producteurs de noix de coco et de leurs ouvriers vivent à Mindanao. On estime à 20 millions le nombre des Philippins qui vivent de cette culture, a indiqué Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao et président de la “Conférence des lumads, des évêques, des oulémas, des prêtres et des agriculteurs” (BUPPFALUC).

La Buppfaluc a été créée en 2001 par un groupement interreligieux qui demandait le recouvrement de l’argent des taxes sur les noix de coco et l’aide de la société philippine pour « l’unité et le soutien de la cause des producteurs de noix de coco Mgr Capalla a donné une vue d’ensemble sur le dialogue instauré depuis entre les représentants des groupements agricoles, du gouvernement et des particuliers qui contestent la possession et l’administration de ces fonds ; il a notamment dit que les parties en présence étaient tombées d’accord pour conclure un accord à l’amiable, afin d’éviter une procédure en justice. Mgr Capalla a précisé que les agriculteurs pouvaient espérer que la moitié des 100 milliards de pesos (812,5 millions d’euros) entreposés dans ce fonds pourraient être libérés pour soutenir le développement des exploitations agricoles, les soins de santé et l’éducation des paysans.

Les prêtres présents, à l’unanimité, ont donné leur accord pour la solution proposée et pour engager leur association comme membre de la Buppfaluc, afin que les producteurs de noix de coco bénéficient, eux aussi, “de la justice et de l’équité ont-ils inscrit dans leur résolution finale.