Eglises d'Asie

Rajasthan : des chrétiens ont prévu une journée d’action le 18 mars prochain, afin de protester contre les violences dont ils sont victimes depuis plusieurs mois

Publié le 18/03/2010




Des chrétiens de l’Etat du Rajasthan se sont réunis le 2 mars dernier pour organiser une journée d’action, prévue le 18 mars prochain, afin de protester contre les attaques dont ils sont victimes depuis plusieurs mois. Ils ont annoncé qu’ils maintiendraient leur mouvement tant que le gouvernement ne réduirait pas les violences orchestrées par les groupes d’extrême droite hindoue. Selon Mgr Collin C. Theodore, évêque de l’Eglise (protestante) du Nord au Rajasthan, “ni les autorités locales, ni la police n’ont jusqu’ici réussi à protéger la vie et les biens des chrétiens 

Entre le 21 et le 26 février dernier, quatre attaques ont eu lieu à Jaipur, dont une profanation de croix. Pendant les fêtes de Noël 2005, des violences avaient été perpétrées contre des chrétiens, dans différentes régions de l’Etat. Juste avant la réunion des responsables chrétiens, Mme Vasundhara Raje, ministre-président du Rajasthan et membre du BJP (Bharatiya Janata party, Parti du peuple indien), parti nationaliste hindou, avait annoncé que son gouvernement ne tolèrerait aucune action qui violerait les lois de l’Etat. “Nous ne laisserons personne diviser l’Etat. Nous, chrétiens, hindous, ou musulmans ne formons qu’une seule famille avait-elle ajouté. Le parti de l’opposition venait en effet d’accuser les hindouistes d’avoir commandité des attaques contre les chrétiens et d’avoir restreint leur liberté religieuse. Ces derniers représentent moins de 1 % des 56,4 millions d’habitants du Rajasthan, qui sont hindous à plus de 90 %.

Les dernières attaques avaient été provoquées par la découverte d’un ouvrage, Haqeeqat (‘Réalité’), rédigé par M. G. Mathew, un protestant. Selon les hindouistes, cet ouvrage contiendrait des propos désobligeants envers des gourous hindous renommés et les fleuves sacrés. Un groupe protestant, Emmanuel Mission International (EMI), qui gère des centaines d’institutions en Inde – écoles, orphelinats, et léproseries -, avait distribué l’ouvrage au Rajasthan. Le gouvernement, qui a récemment interdit l’opuscule, a fait arrêter des personnes impliquées dans la traduction du livre en hindi, ainsi que des membres d’EMI. Le fondateur, M.A. Thomas, et son fils, qui n’étaient pas dans l’Etat au moment des arrestations, ont demandé à payer une caution pour éviter d’être arrêtés.

Selon le secrétaire général du All India Christian Council, les groupes d’extrême droite hindoue utilisent la publication de tels ouvrages comme prétexte pour attaquer les chrétiens. Abraham Matailors précise que, lorsqu’EMI vendait le livre en question, il n’était pas interdit dans le pays. Les groupes d’extrême droite hindoue, quant à eux, ne voient pas les choses de la même manière et ont demandé l’arrestation du fondateur d’EMI, celle de son fils, ainsi que la confiscation par l’Etat des institutions dirigées par le groupe protestant. M.A Thomas et son fils avaient déjà dû faire face à différentes attaques dans le passé, la dernière en date étant une tentative d’incendier le centre de Kota. L’année dernière, des chrétiens de districts majoritairement aborigènes – Banswara, Dungarpur et Udaipur – avaient également été la cible d’attaques anti-chrétiennes (1).

Le 8 mars dernier, différentes organisations musulmanes de l’Etat se sont rassemblées à Jaipur, pour soutenir les chrétiens. Ils ont notamment soumis un mémorandum au gouvernement fédéral, au président indien et à la Commission nationale des droits de l’homme, afin que cessent les violences anti-chrétiennes.