Eglises d'Asie – Corée du sud
Un groupe de militants catholiques demande aux Coréens de ne pas oublier l’esprit du Mouvement pour l’indépendance
Publié le 18/03/2010
La « Déclaration pour la démocratisation » avait été énoncée dans la cathédrale de Myondong de Séoul, le 1er mars 1976, au cours d’une messe célébrée à l’occasion de l’anniversaire du « Mouvement pour l’indépendance » (2). A l’époque, des hommes politiques, des pasteurs protestants et des prêtres catholiques avaient ensemble rédigé cette déclaration d’opposition à la dictature militaire du président d’alors, le général Park Chung-hee. Ils appelaient au retrait de Park Chung-hee et demandaient la démocratisation du pays ainsi que la fin de la dictature militaire. La déclaration réclamait également une réforme du système économique du pays, jugé trop dépendant des capitaux étrangers, et la réunification des deux Corée.
Le régime de Park, considérant la déclaration comme une tentative de renversement du gouvernement, arrêta une vingtaine de personnes. Parmi les prêtres de la CPAJ emprisonnés se trouvaient le P. Ahn Chung-suk, le P. Augustine Ham Sei-ung et le P. Matthias Kim Seung-hoon, aujourd’hui décédé. Tous appartenaient au diocèse de Séoul, sauf le P. Moon Jung-hyun, du diocèse de Jeonju. Furent aussi arrêtés le Rév. Moon Ik-hwan, pasteur presbytérien, et Thomas More Kim Dae-jung, celui qui était alors le principal responsable du mouvement d’opposition et qui sera élu président de la République vingt ans plus tard, en décembre 1997.
« Il y a 87 ans, nos prédécesseurs ont résisté au régime colonial japonais et, il y a 30 ans, nous nous sommes opposés à la dictature militaire du président Park Chung-hee, préparant ainsi la démocratisation du pays a déclaré le P. Moon Jung-hyun devant une assemblée qui ne dépassait pas les 250 personnes. « Pourtant, la situation ne s’est pas améliorée. Nous souffrons toujours des influences étrangères, spécialement de l’expansion militaire américaine a encore ajouté le prêtre, engagé ces temps-ci contre un plan du gouvernement prévoyant le déménagement des bases miliaires américaines de Séoul et de la province de Gyeonggi, à Pyeontaek, localité située à 65 km. au sud de la capitale, où existent déjà deux bases américaines, l’une de Army et l’autre de Air Force.
Selon le président de la CPAJ, le P. Simon Chun Jong-hun, « la déclaration d’aujourd’hui signifie que nous devons nous libérer de la subordination économique et de l’injustice sociale ». Il ne s’agit plus simplement de nous opposer à la dictature, a-t-il précisé. « Nous avons à rechercher le bien commun pour que les peuples puissent vivre, ensemble, en harmonie, a-t-il expliqué. Bien que la Corée (du Sud) soit politiquement démocratique, elle ne l’est ni socialement ni économiquement. La polarisation des richesses sape les valeurs démocratiques et, de ce fait, la réconciliation nationale et la réunification des perspectives lointaines. » Pour actualiser la déclaration du 1er mars 1976, a encore précisé le P. Chun Jong-hun, les catholiques « se doivent d’être le sel et la lumière de la société en fidèles disciples du Christ qui participent activement à la vie sociale, à ses problèmes et se préoccupent de leurs voisins en difficulté ».
Pour le P. Ham Sei-ung, curé de la paroisse de Jeki-dong, « l’esprit de cette déclaration concerne la protection des droits de l’homme, la liberté, la démocratie et l’indépendance ». Selon lui, « des pays puissants comme la Chine, le Japon, la Russie et les Etats-Unis, exercent une influence trop grande sur la Corée du Sud. Les Coréens doivent donc s’opposer à l’expansion militaire des grandes puissances, tout comme à la mondialisation, qui, dit-il, pénalise les agriculteurs coréens. « De même, pour la réconciliation des deux Corée, nous devons aider nos frères du Nord a-t-il insisté.