Eglises d'Asie

Deux prêtres italiens fidei donum contribuent à l’évangélisation d’une île isolée

Publié le 18/03/2010




Dans un Timor-Oriental catholique à 96 %, l’île d’Atauro, située au large de Dili, la capitale, présente la particularité d’être majoritairement protestante. Soixante pour cent de ses 8 664 habitants sont protestants, héritage de l’ouvre d’une mission calviniste hollandaise, venue au début du XXe siècle de l’île d’Alor, 45 km. plus à l’ouest. Le catholicisme n’est arrivé sur l’île que dans les années 1950, mais, de 1976 à 2004, aucun prêtre n’a vécu de façon permanente sur l’île. En 2004, deux prêtres italiens se sont installés sur l’île.

Le P. Francisco Mozer, 68 ans, et le P. Pier Luije Fornazier, 64 ans, originaires de deux diocèses du nord de l’Italie, sont présents au Timor-Oriental au titre de Fidei Donum. Du 6 au 10 mars derniers, ils étaient en Thaïlande, où ils ont pris part à une rencontre des prêtres italiens fidei donum présents en Asie et en Océanie, pour le 50e anniversaire de l’encyclique du pape Pie XII, Fidei Donum (‘Don de la foi’), publiée en 1957 et par laquelle les diocèses étaient encouragés à envoyer leurs prêtres en mission à l’étranger. De retour à Atauro, ils ont expliqué les raisons de leur présence : “Le catholicisme implique l’évangélisation. Ce qui signifie avoir une vraie connaissance de la Parole de Dieu.”

Selon leur présentation de l’Eglise à Atauro, le premier catholique de l’île était un certain Filipe Ximenes, aujourd’hui décédé. Prisonnier politique du temps de la colonisation portugaise, il a été baptisé durant sa détention. Remis en liberté en 1949, il chercha à partager sa nouvelle foi avec ses proches et trouva l’aide d’un prêtre, le P. Ezequel Eanes Pascoal, qui faisait passer des habits et de la nourriture aux habitants de l’île, très pauvres. Vingt-et-une personnes furent ainsi baptisées dans les années 1950. Aujourd’hui, selon le P. Mozer, les catholiques d’Atauro sont semblables à ceux des autres régions du Timor-Oriental, en cela qu’ils conservent des usages et des coutumes hérités de l’animisme, notamment en ce qui concerne les cérémonies funéraires, les mariages et la dot.

Une des difficultés principales de la vie sur l’île, montagneuse, aride et chaude, est l’absence d’infrastructures, mise à part une unique route. Il faut parcourir des sentiers escarpés et le seul véritable moyen de communication reste le bateau, dont les lignes ne sont pas régulières. “Les enfants ne peuvent pas toujours aller régulièrement à l’école précise le P. Mozer. L’économie de l’île se limite à une agriculture de subsistance et l’accès aux marchés de Dili est difficile. Les plages de l’île sont encore vierges et la seule activité touristique, développée par une ONG locale, ne profite qu’à une poignée de personnes. Dans ce cadre, “beaucoup de gens, surtout les jeunes adultes, cherchent un sens à leur vie et l’insatisfaction est grande souligne encore le prêtre.

Les deux prêtres ont mis sur pied des programmes pour les enfants, les jeunes, ainsi que diverses activités d’évangélisation. L’an dernier, trois chapelles ont été édifiées et deux autres sont prévues pour cette année. Une autre initiative vise à former plusieurs personnes à la médecine traditionnelle et à la production de pharmacopée qui l’accompagne. S’agissant des relations avec les protestants, Januario de Araujo, âgé de 54 ans et catéchiste depuis dix ans, affirme qu’elles sont harmonieuses. “Nous nous respectons mutuellement et nous nous entraidons. Nous voulons l’unité précise-t-il. Selon un autre catholique, responsable d’une école primaire, l’arrivée des deux prêtres italiens a changé beaucoup de choses au sein de la communauté catholique, notamment quant à l’accroissement de la participation des laïcs aux différents programmes.