Eglises d'Asie

Diverses initiatives catholiques dans les domaines de la santé et l’action sociale reçoivent, à la longue, une reconnaissance officielle

Publié le 18/03/2010




C’est avec difficulté que, depuis le début des années 1990, l’Eglise catholique au Vietnam tente d’occuper, à nouveau, l’importante place qui était autrefois la sienne sur la scène sociale. Elle est encore absente de pans entiers de la société civile. L’éducation, à l’exception des jardins d’enfants et de quelques institutions pour handicapées et déshérités les classes de l’affection lui échappe encore presque absolument. Il en est de même du territoire de l’expression médiatique. C’est peut-être dans le domaine de la santé et celui de l’action sociale que surgissent aujourd’hui le plus d’initiatives, surtout dans la région de Hô Chi Minh-Ville.

Récemment, une salle de consultations en médecine générale a été ouverte dans le quartier de Xom Moi, arrondissement de Go Vâp (Hô Chi Minh-Ville) (1). Cet endroit, très populeux, en particulier en raison de l’affluence des migrants venus des campagnes du centre du pays, était particulièrement démuni en institutions de santé. Le nouveau cabinet de consultation a été inauguré le 26 février dernier. Une centaine de personnes étaient venues participer à cet événement, parmi lesquelles des prêtres, les diverses catégories du personnel appelé à dispenser des soins dans ce cabinet. L’archevêque de Saigon, le cardinal J.-B. Pham Minh Mân, et son auxiliaire, Mgr Joseph Vo Duy Thông, très intéressés par cette initiative, étaient venus procéder à la bénédiction des locaux.

Le nouveau cabinet de consultation est un bâtiment de quatre étages ; construit sur un terrain de 230 m , il est déjà doté d’un équipement clinique moderne, couvrant onze spécialités. L’argent investi a été fourni par des médecins, des congrégations religieuses et divers hommes d’affaires catholiques. Le personnel, salarié ou bénévole, composé de médecins, infirmiers et employés, s’élève à trente personnes. Les malades eux ne manquent pas dans ce quartier populaire éloigné du centre ville et des grands hôpitaux de Saigon. Selon le personnel du cabinet de consultation, dans les jours précédant l’inauguration, quelque quarante malades ont été soignés par jour gratuitement.

On a appris, lors de l’inauguration, que cette initiative n’était que le début d’un projet beaucoup plus vaste. Il est en effet prévu de construire un hôpital, une école et une maison de retraite, autant d’établissements qui seront mis au service des plus pauvres de la ville, comme l’a expliqué le cardinal au cours de son allocution.

Quelques jours plus tard, le 26 février, avait lieu une autre inauguration (2). Il s’agissait, cette fois-ci, d’une maison destinée à accueillir des jeunes filles enceintes, l’institution Mai Linh, tenue par les Filles de la Charité de St Vincent de Paul. En réalité, la cérémonie, qui a rassemblé environ 80 personnes, des autorités de la ville, des médecins, des prêtres, des religieuses et des pensionnaires, était surtout la reconnaissance officielle d’une ouvre fonctionnant dans l’ombre depuis déjà quelques années.

Au cours de l’inauguration, Sour Marie-Vincent Do Ngoc Liêu a révélé que cette ouvre avait, en réalité, débuté bien avant. Dans les années 1981, les religieuses avaient commencé à recevoir ces jeunes filles se présentant dans les hôpitaux pour une interruption de grossesse. En 1999, dans le district de Nha Be, les religieuses s’étaient associées à une femme médecin, le docteur Ta Thi Chung, pour accueillir et prendre soin de jeunes filles enceintes délaissées. L’institution a ainsi fonctionné six ans sans autorisation gouvernementale et dans la défiance du voisinage, ne manifestant que peu de sympathie pour ces femmes sans mari, venant accoucher dans cette institution. Mais, désormais, la présence des autorités de la ville, dans les nouveaux locaux de l’institution, confirme que cette période non officielle est terminée. Le vice-président du Comité populaire de la ville, présent à la cérémonie, a même remercié les religieuses pour leur contribution au développement de la ville, à travers leurs aides “aux personnes sous développées”.