Eglises d'Asie

Rajasthan : la marche interreligieuse pour la paix, qui a eu lieu sous protection policière, s’est terminée par une rencontre avec le ministre-président

Publié le 18/03/2010




Malgré des menaces de représailles, près de 4 000 personnes se sont rassemblées, le 21 mars dernier, pour une marche pacifique interreligieuse sous protection policière, afin de protester contre les attaques dont sont victimes les chrétiens au Rajasthan depuis plusieurs mois. Cette marche, conduite par Msgr Oswald Lewis et Ignatius Menezes, évêques catholiques des diocèses de Jaipur et d’Ajmer respectivement, a rassemblé des bouddhistes, des hindous, des musulmans et des chrétiens qui ont marché, unis dans le silence, jusqu’à l’Assemblée législative de l’Etat, où une délégation, dirigée par le P. Raymond Coelho, président de Rajasthan Christian Fellowship, s’est entretenue avec le ministre-président, Mme Vasundhara Raje, qui est également responsable du BJP (Bharatiya Janata party, Parti du peuple indien), le parti nationaliste hindou.

La délégation a notamment soumis au ministre-président, un mémorandum de deux pages signé par vingt-sept associations demandant, d’une part, la démission du ministre des Affaires sociales, Madan Dilwar, pour avoir donné l’ordre de terroriser les chrétiens et, d’autre part, la protection par l’Etat des minorités qui depuis la recrudescence des attaques et “l’attitude léthargique” du gouvernement, souffrent de “peurs psychoses Le mémorandum a également sollicité l’annulation de la radiation des cinq institutions éducatives et sociales gérées par le groupe protestant Emmanuel Mission International (EMI), alors que son administrateur, Samuel Thomas, était arrêté le 16 mars dernier, suite à la controverse sur l’ouvrage Haqeeqat, distribué dans la librairie du groupe protestant (1) et interdit à la vente pour propos désobligeants envers la religion hindoue.

Mme Vasundhara Raje, qui rencontrait pour la première fois des responsables chrétiens depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans – malgré les demandes répétées des responsables chrétiens, victimes des attaques des nationalistes hindous -, a promis que des actions concrètes seraient prises contre les personnes provoquant des attaques sectaires.

Pourtant, le 26 mars dernier, le gouvernement a rédigé un projet de loi anti-conversion, le “Rajasthan Religious Freedom Bill selon lequel toute personne accomplissant des actes de conversion frauduleux sera passible d’emprisonnement pour une durée allant de deux à cinq ans. Le “Rajasthan Dharma Swatantrik Vidhayak qui sera prochainement présenté à l’Assemblée législative de l’Etat, a été condamné par Mgr Oswald Lewis, qui le qualifie d’“anticonstitutionnel” et qui, selon lui, prendre pour cible les minorités religieuses de l’Etat, c’est-à-dire les musulmans et les chrétiens, qui représentent respectivement 8 % et un peu moins de 1 % de la population, les hindous représentant plus de 90 %. Trois Etats de l’Union indienne ont adopté une loi anti conversion : le Gujarat, le Madhya Pradesh et l’Orissa.